Le gouvernement syrien de transition annonce la fin officielle de l’opération militaire contre les fidèles du régime de Bachar al-Assad dans l’ouest de la Syrie. 1500 personnes ont été tuées dont un millier de civils, notamment lors d’exécutions de masse dénoncées par de nombreux Syriens dont les chefs religieux chrétiens.
Entre le 6 mars et ce lundi 10 mars, près d’un millier de civils ont été tués par les forces du nouveau régime syrien et des groupes alliés dans l’ouest de la Syrie. Tout a commencé par l’attaque menée par des partisans de l’ancien président Bachar al-Assad dans la région de Lattaquié, fief alaouite, communauté dont il est issu, contre des membres des forces de sécurité des nouvelles autorités de Damas. La répression qui a suivi n’a pas fait de quartier et a frappé aussi bien des hommes armés que des civils, principalement des alaouites, mais aussi des chrétiens.
«Les chrétiens ont pris la fuite tout de suite», témoigne une sœur d’origine libanaise, responsable d’une garderie de 85 enfants à Baniyas, sur la côte méditerranéenne. Elle témoigne de l’horreur qui a frappé sa ville ces derniers jours. «Le père du prêtre orthodoxe a ouvert la porte, et ils ont donné des coups de fusils et il est mort», relate-t-elle la voix tremblante. Si les combats sont finis, poursuit-elle, «il y a la peur, il y a des morts dans la rue que personne ne peut ramasser».
Les chrétiens ont peur
Difficile de savoir exactement qui a commis tel ou tel crime. Le nouveau pouvoir syrien pointe du doigt des jihadistes étrangers, des témoins parlent de Tchétchènes et de Turkmènes. Une chose est sûre, «il y a eu un vrai massacre ethnique et de bon nombre de chrétiens sur le littoral» affirme depuis Alep le frère mariste George Sabé. «La situation est délicate pour tous les groupes qui ne sont pas sunnites», c’est même «une panique pour les chrétiens» précise-t-il, qui augmente chez eux «une volonté de partir et de quitter le pays».
Cette crainte générale est renforcée selon le frère mariste par le décalage entre les assurances du nouveau pouvoir national envers la sécurité de toutes les communautés du pays et la réalité du terrain. Pour lui, le gouvernement de transition est responsable de tous ces groupes jihadistes. «Il faudrait prendre des décisions contre eux, il faut les éloigner du pays», estime-t-il. «On ne peut pas accepter aujourd’hui qu’il y ait encore des vengeances, il nous faut la justice. Il n’est pas possible de vivre dans une réalité de peur, de menaces et d’atrocités».
Les chefs des Églises chrétiennes appellent à la réconciliation
Dès le début de ces tueries, les patriarches des trois Églises autochtones ont signé samedi un appel commun pour que cessent ces «horribles massacres». Jean X, patriarche grec-orthodoxe d’Antioche, Yousseb Ier Absi, le patriarche grec-catholique melkite et Mar Ignatius Ephrem II, le patriarche syro-orthodoxe dénoncent ainsi «le massacre d’innocents» et demandent de mettre fin «à ces actes horribles contraires à toutes les valeurs humaines et morales». Ils réclament aussi un processus pour parvenir à la réconciliation nationale et à une société fondée «sur une citoyenneté égale». C’est ce que réclame le frère George Sabé, qui considère qu’il faut «une pression internationale» pour prévenir tout nouveau massacre en Syrie.
Le vicariat apostolique des latins de Syrie a lui aussi exprimé sa préoccupation. «Nous joignons la voix de toutes les personnes honnêtes et patriotes de ce pays, en soulignant notre rejet de toutes les formes de violence, de vengeance et de représailles fondées sur des motifs sectaires et religieux. Nous appelons les autorités du pays à mettre rapidement fin à ces attaques, qui sont incompatibles avec toutes les valeurs humaines, morales et religieuses,» écrit-il dans une déclaration signée par Mgr Hanna Jallouf, selon Aide à l’Église en détresse.
Vatican News
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