Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, les médias mettent principalement en avant les conséquences négatives. Nous avons choisi de prendre le contre-pied et d’analyser ce qui pourrait en ressortir de positif pour l’Union européenne.
Les premières mesures prises par le 47ᵉ président des États-Unis renforcent les taxes envers les pays voisins, ferment les frontières du pays et confirment sa convoitise du Groenland. Face à ces décisions, il est facile de céder à la peur et de penser que les cinq prochaines années seront difficiles pour le monde. Et si nous essayions de voir le positif ? Cet exercice, bien que complexe, a été proposé à Fr. Laurent Mathelot, prêtre dominicain, et Michel Maroy, animateur de l’émission L’Europe au Cœur sur 1RCF Belgique.
Plus de sécurité
Le premier à se prêter à l’exercice est Michel Maroy. Pour lui, la politique isolationniste des États-Unis doit pousser l’Europe à devenir « une Europe puissante. Elle doit s’armer, elle ne peut plus rester un soft power [pouvoir doux]. Elle doit avoir un bras armé pour se défendre, mais aussi pour peser dans notre voisinage » (face aux États-Unis, à la Russie et à la Chine), explique-t-il.
« À terme, cela va peut-être fragiliser l’Europe, car elle doit trouver un consensus à 27, mais cela va aussi la consolider », ajoute-t-il.
Revoir les ambitions européennes
Laurent Mathelot espère que cette situation agira comme une « piqûre de rappel » pour l’Europe, non seulement en matière de défense, mais aussi sur le plan économique. Pour le dominicain, l’Europe n’aurait plus autant d’ambition que par le passé : « Les États-Unis veulent aller sur Mars, l’Europe attache les bouchons en plastique aux bouteilles. » L’isolationnisme américain devrait alors inciter l’Europe à « redevenir un acteur qui compte sur la scène diplomatique, économique et dans la politique internationale. »
Relocalisation de l’industrie
Le Fr. Laurent Mathelot poursuit sa réflexion en abordant la production industrielle, de plus en plus externalisée hors d’Europe. « Nous importons tout. Les savoir-faire européens sont en train de se perdre. Nous ne sommes plus acteurs de notre avenir », explique-t-il.
Michel Maroy nuance ce constat : « L’Europe est encore un territoire d’innovation, mais nos avancées technologiques sont souvent rachetées par des Américains, qui disposent de financements plus aisés. Ce qu’il faut, c’est que l’Europe récupère ses capitaux partis aux États-Unis pour les investir dans ses propres entreprises. »
Peut-on pour autant relocaliser toutes nos productions ? La réponse est claire : non. Certaines matières premières essentielles ne peuvent pas être produites en Europe. « Nous sommes interdépendants avec la Chine et les États-Unis », souligne Michel Maroy. « Pour l’industrie pharmaceutique, par exemple, nous pourrions rapatrier une partie de la production en Europe plutôt que de tout acheter en Chine. »
Moins de conflits dans le monde ?
Au-delà des conséquences économiques, la politique de Donald Trump pourrait aussi avoir un impact sur la paix mondiale. En effet, sa posture est largement non-interventionniste. « Cela pourrait entraîner un apaisement de certaines tensions. C’est un peu comme un balancier : dans quelle mesure les États-Unis doivent-ils jouer le rôle d’agents mondiaux chargés d’imposer la paix ? » s’interroge Laurent Mathelot.
Mais le questionnement ne s’arrête pas là : « Jusqu’à quel point doivent-ils se désintéresser de ce qu’il se passe ailleurs ? Peut-on vraiment se réjouir de la baisse de leur influence dans le monde ? » L’équilibre reste à trouver.