Moyen-Orient, élections autour du globe, visite du pape François en Belgique : trois grandes thématiques pour la dernière émission de Décryptages de 2024. Un point commun entre ces sujets : pour l’avenir, nous avons besoin de plus de vivre ensemble.
Beaucoup, en réalité, mais nous avons dû réduire leur nombre à trois : la situation au Moyen-Orient, les élections qui ont eu lieu tout autour du monde et la visite du pape en Belgique. Tous ces sujets ont été développés de long en large dans les émissions Décryptages de l'année. Nous avons donc demandé à Christian Laporte, ancien journaliste et informateur religieux, et au Fr. Christian Eeckhout, prieur du couvent dominicain à Louvain-la-Neuve, ce qu’ils retiennent et ce qu’ils espèrent pour 2025.
La situation au Moyen-Orient
Entre la guerre à Gaza, les attaques contre le Hezbollah et l'offensive israélienne au Liban, la chute de la dictature en Syrie, et la diminution des droits des femmes en Afghanistan, il y a de quoi s’y perdre. De nombreux rapports ont dénoncé tout au long de l'année que les droits de l’Homme n’étaient pas respectés dans la région. Et la situation ne semble pas s’améliorer.
Une situation qui touche particulièrement le Fr. Christian Eeckhout, qui a lui-même vécu à Jérusalem. “Cela devrait toucher chacun bien davantage puisque cela impacte la stabilité de notre monde.” Pour lui, le responsable de ce dérèglement politique dans la région n’est autre que le partage de 1947 : “Il a été fait sans aucune consultation de la population. C’est une véritable faute politique et diplomatique qui a encore des répercussions aujourd’hui.”
Ce qui attriste Christian Laporte, c’est que le conflit entre Israël et la Palestine, en presque 80 ans, n’a jamais pu être réglé de manière pacifique. “Il y a eu des essais, comme avec l’accord d’Oslo. C’est cela qui est frustrant : que les décideurs des deux côtés n’arrivent pas à se rapprocher davantage.”
“De l’espoir, il n’y en a peut-être pas, mais il y a l’espérance”, nous dit le Fr. Christian Eeckhout. “Nous pouvons espérer que le mal n’est pas diffusé dans tous les esprits. L’espérance est de se dire : vivons avec nos voisins dans la possibilité d’un dialogue ou d’un partage de ce qu’il y a de plus beau dans l’être humain.” Christian Laporte espère, quant à lui, que l’Église puisse intervenir pour “que se taisent enfin les armes et de manière durable.”
Des élections en Belgique…
Comme la Belgique lors des élections de juin et d'octobre, 75 autres pays se sont rendus aux urnes au moins une fois en 2024. En Belgique, on retiendra une nouvelle fois la difficulté à former un gouvernement fédéral. À cela s’ajoutent les négociations bruxelloises qui patinent. Du côté des communales, il faudra retenir l’élection du Vlaams Belang à Ninove et sa montée dans la majorité dans trois autres communes, rompant ainsi le cordon sanitaire.
La difficulté à s’entendre pour diriger dans les gouvernements bilingues ne rend cependant pas notre pays ingouvernable. “Il faut la promotion du respect, du dialogue et du bilinguisme. Pour se comprendre, il faut comprendre la langue et l’esprit du voisin”, nous explique le Fr. Christian Eeckhout. Pour avoir une certaine union, il faudrait donc promouvoir une ouverture plus grande.
… et pour 75 autres pays
À l’international, ce sont d'abord les législatives anticipées en France qui auront marqué nos esprits. En les convoquant, le président français, Emmanuel Macron, a plongé le pays dans une incertitude politique et un enchaînement de Premiers ministres, François Bayrou étant le quatrième en 2024.
Et enfin, comment oublier les élections américaines ? Après une campagne où l’on a moins fait attention au programme politique des candidats qu’à d’autres aspects, ce sont les républicains qui sont sortis grands vainqueurs avec l'élection de Donald Trump.
Les nombreux revirements vers la droite dans le monde donnent à Christian Laporte l’impression d’un air des années 30. Pour lui, un des responsables de ces résultats, ce sont les réseaux sociaux qui “nuisent d’une certaine manière au vivre ensemble.” Une fragilisation du vivre ensemble sur laquelle il est rejoint par le Fr. Christian Eeckhout : “Cela est inquiétant dans la mesure où on oublie les minorités et on laisse quelques partis dominer sans le respect des minorités”, ajoute-t-il.
La venue du pape en Belgique
Nous ne pouvions évidemment pas faire une rétrospective sans parler de la venue du pape en septembre pour les 600 ans de la KU Leuven et de l’UCLouvain. On retiendra tout d’abord ses visites surprises à ceux qui peuvent être considérés comme à la marge de la société.
“Je n’aurais pas pensé que le pape ait l’occasion d’aller au festival”, nous confie le Fr. Christian Eeckhout. “Il est allé rejoindre les jeunes alors qu’il aurait pu être fatigué de sa journée et se reposer pour la grand-messe du dimanche.” Pour Christian Laporte, le moment le plus fédérateur reste la célébration au stade. “Il y a eu quelques moments de tension, mais globalement, on en retient un bilan positif.”
In fine, ce que l’on retiendra selon nos décrypteurs, c’est le positif. “En 85, il y a aussi eu des moments de tension très vifs”, nous rappelle Christian Laporte. “Mais finalement, quand on a tiré le bilan, on a considéré cette visite de Jean-Paul II comme un moment de revivification de l’Église.”
Et d’ici à la prochaine visite d’un pape en Belgique, que doit-on retenir ? “La promotion du vivre ensemble”, nous dit sans hésiter le Fr. Christian Eeckhout. “Je crois que le pape veut qu’on arrive à des équilibres et pas à des extrémismes.”