Notre-Dame de Paris rouvre ses portes au grand public ce week-end du 7 novembre. À cette occasion, nos décrypteurs se sont arrêtés un instant pour admirer le travail accompli. Un constat s'impose au vu de la mobilisation pour sa reconstruction : Notre-Dame de Paris est un symbole qui dépasse largement le cadre des croyants.
Une rénovation à l’identique
Lorsqu’on pense à Paris, des images iconiques surgissent : la Tour Eiffel, le Sacré-Cœur, Montmartre, le Moulin Rouge… et bien sûr, Notre-Dame de Paris. L’aspect actuel de cet édifice, familier à tous, est le fruit de la restauration menée par Viollet-le-Duc dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle, comme le rappelle Benoît Bourgine, professeur de théologie à l’UCLouvain. “Ce n'est pas le XIIIᵉ siècle qu'on a imité, c'est Viollet-le-Duc qu'on a restitué, puisque lors de sa grande restauration, il a ajouté une flèche spectaculaire qui est associée dans notre imaginaire à Notre-Dame de Paris,” explique-t-il dans Décryptages.
Un imaginaire nourri à l’époque par la vision que Victor Hugo propose dans son célèbre roman Notre-Dame de Paris. Le choix de la reconstruction, plus d’un siècle et demi après les travaux de Viollet-le-Duc, a donc été celui d’une fidèle reproduction. “On a voulu restaurer ce chef-d'œuvre symbolique et on en fait une espèce d'icône du roman national.”
Le XXIᵉ siècle s’invite
Bien que la cathédrale ait été presque entièrement reconstruite à l’identique, des touches de modernité se sont tout de même glissées dans l’édifice. Fr. Laurent Mathelot, prêtre dominicain, analyse : “Nos cathédrales rassemblent toutes sortes d'époques. Quand elles ont été restaurées, elles ont été augmentées. La touche du XXIᵉ siècle se trouve dans le mobilier, dans le reliquaire de la Sainte Couronne, et même dans le réglage des lumières.”
Bien que la chute de la flèche de Viollet-le-Duc ait causé les plus grands dégâts lors de l’incendie, Fr. Laurent Mathelot reconnaît qu'il était impensable de reconstruire sans cette flèche, si profondément ancrée dans la culture populaire et l’image que l’on associe à la cathédrale.
Notre-Dame, symbole d’unité
Pour cette rénovation, près de 2 000 ouvriers se sont relayés, œuvrant ensemble pour redonner vie à ce monument. De leurs témoignages, relayés dans divers articles de presse et documentaires, ressort une impression commune : ils ont tous travaillé sur le projet de leur vie, participant à une œuvre qui les dépasse indépendamment de leurs croyances personnelles.
En avril 2019, de nombreux Français, chrétiens ou non, avaient été profondément bouleversés par l’incendie de Notre-Dame. Ce week-end, beaucoup seront heureux de la retrouver, fièrement dressée au cœur de Paris. Benoît Bourgine nous rappelle d’ailleurs les paroles de François Cheng lors de l’incendie : “Il disait qu’il y avait cette présence maternelle de Notre-Dame. Et il y a quelque chose qui tient la nation ensemble, un bien commun qui ne dépend d’aucun de nous. Cela vient de très loin, et nous ne sommes qu’un maillon dans la chaîne,” explique le professeur.
“C’est ce monument-là, et pas un autre, qui incarne notre âme commune,” déclarait François Cheng un an après l’incendie, dans La Grande Librairie. Au vu de la situation politique actuelle en France, nos décrypteurs s’attendent à ce que le président Emmanuel Macron saisisse cette occasion pour utiliser Notre-Dame comme un puissant symbole d’unité entre les Français.
