La prison : quelle place pour la dignité et la réinsertion dans notre société ?


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La prison : quelle place pour la dignité et la réinsertion dans notre société ?
Par Armelle Delmelle
Publié le - Modifié le
3 min

Cette semaine dans Décryptages est la thématique proposée par le trimestriel En Question, la revue du Centre Avec : la prison fait-elle encore justice ? Surpopulation, difficulté à se réinsérer, absence de sens dans la peine, autant de sujets qui sont abordés avec nos décrypteurs.

La prison est une institution controversée, soulevant de nombreuses questions sur son sens et sa mission dans nos sociétés modernes. Dans l’émission Décryptages, le journaliste Christian Laporte et Christophe Renders, chargé d’analyse au Centre Avec, abordent les défis liés aux établissements pénitentiaires belges, particulièrement en matière de surpopulation, de dignité humaine et de réinsertion.

Un système déshumanisant ?

Pour Christophe Renders, la question de la dignité en prison est essentielle. Il rappelle que, selon la loi, les détenus conservent tous leurs droits, hormis celui d'aller et venir. « La peine de prison n'est pas là pour déshumaniser une personne, elle garde tous ses droits citoyens. » Or, dans la réalité, le manque de personnel, la surpopulation et les conditions de vie rendent souvent le cadre carcéral profondément dégradant, aussi bien pour les détenus que pour les agents qui y travaillent. Comme le rappelle Marie-Hélène Rabier dans la revue En Question, le problème de la prison, « est un problème de dignité. Pas seulement la dignité des prisonniers, c'est en fait la dignité de toute notre société. »

Christian Laporte souligne, quant à lui, l’impact de ces conditions sur la société dans son ensemble : « On peut juger et jauger une société à la manière dont elle punit les déviants ». Si la surpopulation et la vétusté des établissements font souffrir ceux qui y sont contraints, elles affectent aussi les agents pénitentiaires. « Les prisons belges ont la triste réputation non seulement d'être plus que surpeuplées, mais également de ne pas nécessairement tenir compte des évolutions humanistes qu'on leur demande. »

Une alternative pour demain ?

Dans le numéro d'En Question consacré au système carcéral, la justice restaurative est évoquée comme une piste sérieuse. Ce modèle, bien que difficile à mettre en place, propose une voie plus humaine, centrée sur la réparation et le dialogue, et permettrait de réintégrer la victime et la société dans le processus de réhabilitation. Comme le souligne Christophe Renders, « la justice restaurative permet de reconnaître l'humanité des deux côtés, celle de la victime et celle de la personne incarcérée, en leur offrant une chance de dialoguer. » Elle vise à redonner du sens à la peine, en rendant le détenu responsable de sa réintégration dans le tissu social.

Les moyens et la volonté politique

Bien que la loi Dupont de 2005 ait instauré des droits pour les détenus et une perspective de réinsertion, l’absence de moyens et de volonté politique entrave son application. « En fait, il y a un gros problème du non-respect de l'État de droit, un peu comme dans d'autres domaines où l'État prend des lois, mais ne les applique pas », déplore Christophe Renders.

Ainsi, comme l’indiquent nos décrypteurs, le système pénal belge, pris dans un cercle vicieux de répression et de récidive, gagnerait à se réinventer. Sans une réelle prise en compte des dimensions humaine et restaurative de la justice, la prison risque de demeurer, pour beaucoup, un lieu de désespoir plus qu'un espace de rédemption.


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