Décryptages : La participation des non-Belges aux élections communales


Partager
Décryptages : La participation des non-Belges aux élections communales
Bureau de vote à Goma (Nord-Kivu). A l'issue des élections
Par Armelle Delmelle
Publié le
2 min

Cette semaine, dans Décryptages, Patrick Balemba, chargé de recherche et d'animation chez Justice et Paix, et Jean Lannoy, journaliste chez 1RCF Belgique, s'intéressent à une question cruciale : la participation des non-Belges aux élections communales.

Cela fait plusieurs années que les non-Belges résidant en Belgique ont le droit de vote aux élections communales. Pour les ressortissants de l’Union européenne, ce droit remonte au traité de Maastricht en 1992. Pour les autres étrangers, il a été accordé en 2006 sous certaines conditions. Cependant, ce droit n'implique pas automatiquement une forte participation électorale.

En 2006, 110 973 ressortissants de l’UE (soit 20,9 % des électeurs potentiels) et 17 065 non-Européens (soit 15,71 % des électeurs potentiels) ont exercé leur droit de vote. Pour les élections de ce dimanche 13 octobre, les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles. Toutefois, selon les données de StatBel, l’agence nationale de statistique, les inscriptions au 17 août 2024 montrent que 135 037 ressortissants de l’UE (soit 16,27 % des électeurs potentiels) et 27 780 non-Européens (soit 11,91 % des électeurs potentiels) étaient inscrits sur les listes électorales. Bien que le nombre d'inscrits ait augmenté, les pourcentages, eux, sont en baisse.

Les élections communales, un enjeu mineur pour les étrangers ?

Pas forcément. Comme le souligne Patrick Balemba : « Ils ne sont peut-être même pas au courant qu’ils ont le droit de vote. » Cela serait pourtant la première étape. Ensuite, il faut comprendre comment s'inscrire. Patrick Balemba, qui a lui-même dû suivre cette procédure, témoigne : « Il faut s’inscrire pour avoir sa convocation. Pour cela, il faut savoir utiliser sa carte d’identité électronique, aller dans le système et savoir où aller dans le système. » Un processus loin d’être évident pour tout le monde. Des solutions doivent donc être envisagées pour garantir un accès réel à ce droit.

Un autre facteur clé est le sentiment de représentation. Pour s’intéresser à la politique locale, il faut que chacun se sente représenté et que ses intérêts soient pris en compte. « Tout le monde ne se retrouve pas dans les représentations politiques et il y a encore des inégalités structurelles en Belgique. Cela influence les niveaux d’engagement des différentes communautés, comme celle des Afro-descendants », précise Patrick Balemba.

Vers une meilleure représentation

Pour Patrick Balemba, une première étape vers une plus grande participation serait de voir davantage de personnes racisées sur les listes. « Aujourd’hui, les personnes de couleur se comptent encore sur les doigts... », déplore-t-il. « Les Afro-descendants ont des revendications qui ne sont pas portées par les non-Afro-descendants. Certains partis essayent de les aguicher, mais cela ne suffit pas. Ils souhaiteraient que les questions qui les concernent soient prises plus au sérieux. »

La participation des résidents non-Belges aux élections communales reste donc un défi. Cependant, un travail d'information et de sensibilisation peut déjà être amorcé en vue des prochaines élections.


Dans la même catégorie