Sur le vol du retour, François revient sur le roi Baudouin : “Nous avons la preuve qu’il peut devenir saint”


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Sur le vol du retour,  François revient sur le roi Baudouin : “Nous avons la preuve qu’il peut devenir saint”
Conférence de presse du Pape François dans le vol entre Bruxelles et Rome. © VATICAN MEDIA Divisione Foto
Par Vatican News
Publié le
7 min

François a répondu aux journalistes sur le vol de retour de Belgique. Il a notamment réitéré sa condamnation de l'avortement en qualifiant les médecins qui le pratiquent d'"assassins" et exalté le témoignage chrétien du roi Baudouin qui a démissionné pour ne pas devoir signer la loi sur l’IVG.

Dans l'avion qui le ramenait à Rome, trois journalistes ont interrogé le pape sur des points précis de son voyage en Belgique: ses propos sur Baudouin dans la crypte royale, le désespoir des victimes d'abus, ainsi que la réaction de l'UCLouvain à son discours prononcé à l'Aula Magna.

Valérie Dupont, RTBF: Saint-Père, merci pour votre disponibilité. Excusez ma voix mais la pluie m'a un peu touchée. Vos propos sur la tombe du roi Baudouin ont suscité un peu d'étonnement en Belgique...

Mais vous savez que l'étonnement est le début de la philosophie et c'est très bien...

Peut-être… Certains y ont également vu une ingérence politique dans la vie démocratique de la Belgique. Le processus de béatification du roi est lié à ses fonctions. Et comment concilier le droit à la vie, la défense de la vie, et aussi le droit des femmes à avoir une vie sans souffrance?

Toutes ces vies... Le roi a été courageux parce que face à une loi de mort, il n'a pas signé et a démissionné. Il faut du courage, non? Il faut un homme politique "avec un pantalon" pour faire cela. Il faut du courage. Lui aussi a fait passer un message en agissant de la sorte et il l'a fait parce que c’était un saint. Il n'est pas encore saint, mais le processus de béatification va avancer, car nous en avons eu la preuve.

Les médecins qui se prêtent à l'avortement sont des tueurs à gages.

Les femmes. Les femmes ont droit à la vie: à leur vie, à la vie de leurs enfants. N'oublions pas de dire ceci: un avortement est un homicide. La science nous dit que lors du premier mois de grossesse, tous les organes sont déjà là... Vous tuez un être humain. Et les médecins qui s'y prêtent sont -permettez-moi le mot- des tueurs à gages. Ce sont des tueurs à gages. Et sur ce point on ne peut pas discuter. On tue une vie humaine. Et les femmes ont le droit de protéger la vie. Les méthodes anti-contraceptives sont autre chose. Il ne faut pas confondre. Je ne parle maintenant que de l'avortement. Et cela ne peut pas être débattu. Pardonnez-moi, mais c'est la vérité.

Andrea Vreede, télévision belge flamande et néerlandaise: Votre Sainteté, au cours de ce voyage en Belgique, vous avez également eu une longue réunion avec un groupe de victimes d'abus sexuels. Dans leurs récits, on entend souvent des cris de désespoir concernant le manque de transparence des procédures, les portes fermées, le silence à leur égard, la lenteur des mesures disciplinaires, les dissimulations dont vous avez parlé aujourd'hui, les problèmes liés à l'indemnisation des dommages subis. En fin de compte, les choses ne semblent changer que lorsqu'elles peuvent vous parler, en personne. A Bruxelles, les victimes ont également formulé une série de demandes. Comment comptez-vous donner suite à ces demandes? Ne serait-il pas préférable, peut-être, de créer un département spécial au Vatican, un organisme indépendant peut-être, comme le demandent certains évêques, pour mieux traiter ce fléau dans l'Eglise et restaurer la confiance des fidèles?

Je vous remercie. Sur ce dernier point... Il y a déjà un département au Vatican. Il y a une structure, dont le président est un évêque colombien, pour les cas d'abus. Il y a une commission mise sur pied par le cardinal O'Malley. Cela fonctionne! On reçoit tous les dossiers au Vatican et on en discute. Moi aussi, j’ai reçu des victimes d'abus au Vatican et j’insiste avec force que les choses avancent. C'est le premier point.

Deuxièmement, j'ai écouté les victimes. Je crois que c'est un devoir. Certains disent: les statistiques disent que 40-42-46% des abus sont commis dans la famille et le voisinage, et seulement 3% dans l'Eglise. Tout ça m’importe peu, je m'occupe des victimes dans l'Eglise! Nous avons la responsabilité d'aider les victimes d'abus et de prendre soin d'elles. Certaines ont besoin d'un traitement psychologique, nous devons les aider.

On parle aussi d'indemnisation, parce qu'en droit civil, il y en a une. En droit civil, je pense que le montant est de 50.000 euros en Belgique, ce qui est trop faible. Je crois que c'est le chiffre, mais je n'en suis pas certain. Ce n'est pas quelque chose d’utile. Mais nous devons nous occuper des personnes maltraitées et punir les agresseurs, car la maltraitance n'est pas un péché d'aujourd'hui qui n'existera peut-être plus demain... C'est une tendance, une maladie psychiatrique et c'est pourquoi nous devons les placer sous traitement et les contrôler de cette manière.

J'ai dit aux évêques belges de continuer à avancer.

On ne peut pas laisser un abuseur libre vivre une vie normale, avec des responsabilités dans les paroisses et les écoles. Après leur procès et la condamnation, certains évêques ont donné à des prêtres ayant commis de tels abus une activité, par exemple, dans une bibliothèque, mais sans contact avec les enfants dans les écoles et les paroisses. Nous devons poursuivre dans cette voie.

J'ai dit aux évêques belges de ne pas avoir peur et de continuer, d’avancer. La honte, c’est de couvrir. C'est ça la honte.

Annachiara Valle, Famiglia Cristiana: Merci, Votre Sainteté. Hier, après la réunion à l'Université catholique de Louvain, un communiqué a été publié dans lequel, je lis, "l'Université déplore les positions conservatrices exprimées par le pape François sur le rôle des femmes dans la société". Ils disent qu'il est un peu restrictif de ne parler des femmes que pour la maternité, la fécondité, les soins; qu'en fait, c'est un peu discriminatoire parce que c'est un rôle qui appartient aussi aux hommes. Dans le même ordre d'idées, les deux universités ont soulevé la question des ministères ordonnés dans l'Eglise.

Tout d'abord, cette déclaration a été faite au moment où j'ai pris la parole. Elle a été faite à l'avance et ce n'est pas moral.

Je parle toujours de la dignité des femmes et j'ai dit quelque chose que je ne peux pas dire au sujet des hommes: l'Eglise est "femme", elle est l'épouse de Jésus. Masculiniser l'Eglise, masculiniser les femmes, ce n'est pas humain, ce n'est pas chrétien. Le féminin a sa propre force. En effet, les femmes -je le dis toujours- sont plus importantes que les hommes, parce que l'Eglise est femme, l'Eglise est l'épouse de Jésus. Si cela semble conservateur à ces dames, alors je suis Carlo Gardell (célèbre chanteur de tango argentin, ndlr), parce que… je ne comprends pas... Je remarque qu'il y a un esprit obtus qui ne veut pas entendre parler de cela.

La femme est l'égale de l'homme, et même, dans la vie de l'Eglise, la femme est supérieure, parce que l'Eglise est femme. En ce qui concerne le ministère, la mystique de la femme est plus grande que le ministère. Un grand théologien a fait des études à ce sujet: lequel est le plus grand, le ministère pétrinien ou le ministère marial? Le ministère marial est plus grand parce que c'est un ministère d'unité, engageant, tandis que l'autre est un ministère de guide.

Dans la vie de l'Eglise, la femme est supérieure, parce que l'Eglise est femme.

La maternité de l'Eglise est une maternité de femmes. Le ministère est un ministère très mineur, donné pour accompagner les fidèles, toujours dans le cadre de la maternité. Plusieurs théologiens ont étudié cette question et disent que c'est une réalité, je ne dis pas moderne, mais réelle. Ce n'est pas dépassé. Un féminisme exagéré qui veut que les femmes soient machistes ne fonctionne pas. Il y a d’un côté un machisme qui ne va pas, et de l’autre un féminisme qui ne va pas non plus. Ce qui fonctionne, c'est l'Eglise "femme", qui est supérieure au ministère sacerdotal. Et parfois, on n'y pense pas.

Mais je vous remercie pour cette question. Et merci à vous tous pour ce voyage, pour le travail que vous avez accompli. Je regrette que le temps soit compté. Mais merci, merci beaucoup. Je prie pour vous, vous priez pour moi. Priez pour moi!

François est également revenu sur sa visite à Luxembourg, ainsi que l'attentat qui a tué le chef du Hezbollah et fait des centaines de victimes. Retrouvez l'entretien complet sur Vatican News.

C.L. avec Vatican News


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