C'est une nouvelle qui surprend. Mgr Patrick Hoogmartens annonce aujourd'hui qu'il ne participera pas aux célébrations publiques entourant la visite du pape en Belgique. L'évêque de Hasselt était supposé co-présider l'Eucharistie au stade Roi Baudouin.
Ce dimanche, une grande messe présidée par François se tiendra au stade Roi Baudouin. Celle-ci se fera sans la présence de Mgr Hoogmartens, qui était pourtant supposé co-présider l'Eucharistie aux côtés du Saint-Père.
Et pour cause, ce mardi 24 septembre au matin, l'évêque de Hasselt a communiqué sa décision de ne pas participer publiquement aux évènements entourant la visite papale chez nous.
Un manque de vigilance à l'égard d'un prêtre décédé, coupable d'abus
Cette annonce inattendue fait suite à un sérieux manque de vigilance de l'évêque suite au décès d'un prêtre de son diocèse, intervenu il y a deux semaines. Mgr Hoogmartens a rendu un hommage appuyé à cet homme d'Eglise, qui était également compositeur de musique religieuse. Une nécrologie élogieuse qui s'est par la suite retrouvée sur le site web du diocèse de Hasselt.
Ce que l'évêque ne savait manifestement pas, c'est que ce prêtre s'est rendu coupable de violences sexuelles commises dans les années 70. Rik Devillé, prêtre engagé dans la dénonciation de ces abus depuis plusieurs décennies, a immédiatement mis au courant Patrick Hoogmartens qui a, à son tour, pris les choses en main.
"À la suite du décès d'un prêtre, un passage de ma lettre de condoléances à la famille, dans laquelle je faisais part de mon appréciation pour le défunt, a été diffusé plus largement sur notre site internet", écrit l'évêque dans une lettre transmise à Belga. "Je comprends que je n'ai pas été assez attentif, ce qui nous a conduits à blesser une victime de violences. J'en suis profondément désolé. J'ai présenté mes excuses à la victime."
Le diocèse de Hasselt a retiré le message de condoléances de son site web. Par respect pour la victime, l'évêque a également décidé de ne pas participer publiquement aux célébrations entourant la visite du Pape.
Une biographie élogieuse que l'on retrouve sur Wikipédia, De Standaard...
Ajoutons que Mgr Hoogmartens ne fut pas le seul à rendre hommage à ce prêtre décédé. Sur les réseaux sociaux, nombre d'artistes, chorales et académies de musique ont salué la mémoire d'un "directeur passionné", "chef de choeur inspirant", "une icône"... Le quotidien De Standaard a même consacré un article entier à ce prêtre-compositeur "engageant, humble et doté d'un grand sens de l'humour, qui a inspiré des générations de musiciens". L'encyclopédie en ligne Wikipédia retrace tout son parcours musical et ecclésiastique. Jamais, il n'est fait mention de son passé trouble.
Dans sa lettre, l'évêque de Hasselt donne une piste d'explication concernant ce silence. L'affaire, dont les faits se sont déroulés dans les années 1970, a été traitée par ce que l'on appelle la Commission-Halsberghe. Selon Mgr Hoogmartens, l'affaire a été close en 2002 par un accord entre les parties concernées et leur engagement à rester discrètes. L'affaire faisait partie de l'"opération Calice".
La Conférence des évêques confie que les autres évêques participeront bien aux célébrations de la visite du Pape.
Cette maladresse en rappelle une autre...
Cet épisode rappelle le dysfonctionnement vécu au sein de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles en mai dernier, lorsque trois auteurs d'abus s'étaient retrouvés sur la liste des prêtres éligibles au conseil presbytéral du Brabant flamand et de Malines. Mgr Terlinden avait alors présenté ses excuses aux victimes et rappelé son engagement en faveur d'une politique de tolérance zéro à l'égard des abus dans un contexte pastoral.
Ces incidents mettent en évidence l'utilité qu'il y aurait, sans doute, à établir un cadastre centralisé des auteurs d'abus dans l'Eglise...
La rédaction