Après son discours aux corps constitués, ce jeudi matin, François a rencontré la communauté catholique du Luxembourg en la cathédrale Notre-Dame, aux alentours de 16h30. Dans son discours, il a salué a une Eglise en ouverture, en syntonie avec le parcours synodal, dans un contexte de sécularisation avancée. Le pape a également inauguré l’ouverture du jubilé consacré à Marie Consolatrice des affligés, patronne du Luxembourg.
C’est le cardinal Jean-Claude Hollerich, jésuite et archevêque de Luxembourg, qui a accueilli François dans la cathédrale Notre-Dame. Dans un message de bienvenue, il a présenté au pape, dont il est proche par ailleurs, une Eglise qui avance "sur le chemin de la conversion synodale" pour être toujours davantage au service de Dieu et engagée dans le développement intégral. Au Luxembourg, l’Eglise évolue dans une société sécularisée, avec ses souffrances et difficultés mais aussi ses chemins d’espérance, a expliqué le cardinal au Saint-Père.
La diversité comme défi et richesse
Dans une église comble, François a ensuite écouté trois témoignages: celui d’abord d’un jeune qui dit porter encore en lui, un an après les JMJ de Lisbonne, des "batteries remplies de l’amour et de la joie de Dieu". Ensuite, la vice-présidente du conseil pastoral diocésain a exprimé sa gratitude pour le processus synodal en cours qui a "en de nombreux lieux ravivé dans les cœurs la flamme de la foi, de l’espérance et de l’amour", sans cacher cependant un certain "découragement" dans le "quotidien ecclésial". Enfin, une religieuse représentant les nombreuses communautés linguistiques présentes dans le pays a évoqué le visage multiculturel de l’Eglise locale, "une diversité (qui) est un défi quotidien" mais qui est aussi vécu comme une richesse "Avec vous, nous nous engageons pour une Eglise ouverte à tous, universelle et synodale qui appelle chacun à suivre le Christ". C’est en effet à une Eglise profondément renouvelée par les immigrés que le Saint-Père s’est adressé.
"Les migrants entrent dans la révélation"
Prenant ensuite la parole, le pape a répondu à ces interventions par ces mots: "N’oublions pas cette ritournelle qui revient sans cesse dans la Bible: la veuve, l’orphelin et l’étranger. Montrez de la compassion à ceux qui sont abandonnés, dit le Seigneur déjà dans l'Ancien Testament. Les migrants entrent dans la révélation. Un grand merci au peuple et au gouvernement du Luxembourg pour ce qu'ils font pour les migrants: merci!”
Dans son discours, François s’est ensuite arrêté sur trois mots - service, mission et joie. Des mots permettant d’avancer alors que s’est ouvert le Jubilé marial consacré à Marie Consolatrice des Affligés, patronne du Grand-Duché. Le Souverain pontife lui a demandé d'aider les chrétiens du pays afin qu'ils soient "des missionnaires, prêts à témoigner de la joie de l’Evangile pour nous mettre au service de nos frères". Une rose en or a ensuite été placée face à la statue de la Vierge, installée dans la cathédrale en 1794.
L'accueil comme premier service
Le service passe d’abord par l’accueil, a ensuite relevé l'évêque de Rome, car l’Esprit de l’Evangile "n’admet aucun type d’exclusion", d’où l’encouragement aux Luxembourgeois de rester fidèles à leur héritage, en maintenant leur esprit d’accueil et d’ouverture à tous, une "tradition séculaire". François leur a demandé de continuer à faire du Luxembourg une "'maison d’amitié". C’est d’ailleurs, a poursuivi le pape, "plus un devoir de justice que de charité", surtout pour que l’Evangile soit partagé, en Europe et dans le monde, "dans la parole de l’annonce et dans les signes de l’amour".
Dire la beauté de l'Evangile
Concernant la mission – deuxième mot clé – le Pape s'est réjoui de l’approche de l’archevêque de Luxembourg qui indiquait combien, dans une société sécularisée, l'Eglise "évolue, mûrit, grandit", sans se replier sur elle-même "triste, résignée, rancunière". "Elle relève", a dit François, "le défi de se redécouvrir et de revaloriser de façon nouvelle les voies de l’évangélisation". Il a salué le partage des responsabilités, des ministères, la capacité à marcher ensemble comme une communauté, "en faisant de la synodalité une manière durable d’être en relation entre ses membres", notamment pour protéger la maison commune dont nous sommes les gardiens et pas les despotes.
Le Pape invite à réfléchir sur la manière dont cette mission, vécue ensemble, constitue en elle-même "un merveilleux instrument choral pour dire à tous la beauté de l’Evangile". Il faut venir au Christ par attrait et non par prosélytisme, rappelle François citant son prédécesseur Benoît XVI. Ce qui pousse à la mission, ce n’est pas "le besoin de faire du nombre, mais le désir de faire connaitre au plus grand nombre la joie de la rencontre avec Jésus".
Vivre leur foi dans la joie
Enfin, tout cela doit être mené dans la joie. "Notre foi est joyeuse et dansante", s’est exclamé le pape "parce qu’elle nous dit que nous sommes les enfants d’un Dieu ami de l’homme, qui nous veut heureux et unis, et ne peut être davantage réjoui que par notre salut". Et François d’évoquer une tradition au Luxembourg: la procession de printemps, qui rassemble dans la rue, en une même danse, les pèlerins et visiteurs, en mémoire de saint Willibrord qui évangélisa le pays.
François a invité les fidèles à vivre leur foi dans la joie, à ne pas perdre leur capacité à pardonner car "tous nous en avons besoin", et à poursuivre leur aide généreuse aux plus nécessiteux. Le pape a d’ailleurs décidé de laisser aux œuvres catholiques locales un don de 176.000 euros que les catholiques luxembourgeois avaient fait originellement à l’aumônerie apostolique, afin qu'elle continue son travail auprès des migrants, des plus pauvres, de ceux qui frappent à sa porte.
C.H., d'après Vatican News