Alors que l’on s’approche de deux ans et demi de guerre en Ukraine, Vladimir Poutine s’est rendu en visite d’État en Corée du Nord et au Vietnam. Une sortie rare pour le président russe et qui n’est pas sans arrière-pensée stratégique.
Cela fait déjà neuf mois que le président nord-coréen, Kim Jong Un, s’est rendu en Russie pour rencontrer son homologue. Vladimir Poutine lui rend enfin la pareille avec un objectif particulier : s’assurer le soutien du dictateur. Un objectif qui semble désormais atteint. En effet, avec l’OTAN qui soutient matériellement l’Ukraine et un mandat d’arrêt international contre lui, les options de Vladimir Poutine pour se trouver de nouveaux alliés sont limitées. La question du pourquoi de cette visite était le sujet de notre Décryptages de la semaine.
Un partenariat de défense mutuelle...
Ce jeudi 20 juin, alors que le Président russe quittait la Corée du Nord pour le Vietnam, le Kremlin annonçait la signature d’un partenariat entre les deux pays. Une partie de cet accord mentionne une protection mutuelle en cas d’agression, mais dans l’immédiat, c'est un soutien dans la guerre en Ukraine que M. Poutine s’est assuré.
En effet, la Corée du Nord va fournir des armes produites en grand nombre sur son territoire. En échange, la Russie va partager son savoir-faire pour la conception d’armes de pointe. Il ne faudrait pas oublier que les deux Corées sont théoriquement encore en guerre. C’est donc en permanence que le Nord tente de renforcer son armée et son équipement.
Pour mener une guerre d’usure...
Surtout pas de panique, une attaque imminente de la Corée sur les États-Unis n’est pas au programme. C’est en tout cas ce que nous dit Marc-Antoine Mathijsen, membre du parti des Engagés, quand nous l’avons interrogé sur le sujet. « Par contre, on peut s'inquiéter du fait que les deux économies sont vraiment devenues des économies de guerre et qu’elles sont engagées sur le long terme pour approvisionner une guerre d’usure qui va durer longtemps en Ukraine », nous dit-il.
La Corée n’est pas la seule à renforcer ses forces militaires. Du côté européen, la Pologne a également décidé de renforcer fortement son armée. La volonté de ce pays limitrophe de l’Ukraine est de doubler ses troupes, afin de passer de 150 000 hommes à 300 000. « J’ai un peu l’impression qu’on est en 1938 », ajoute Marc-Antoine Mathijsen.
Malgré la qualité des armes
Si Poutine va « mendier » des armes, ce n’est pas parce que son stock est vide, mais plutôt parce que ce qu'il lui reste est vétuste. En effet, selon la chaîne YouTube de Xavier Tytelman, citée par Marc-Antoine Mathijsen, la qualité des armes russes aurait tendance à diminuer. « On arrive de plus en plus à vider les stocks et à sortir du vieux matériel. » La Russie aurait donc besoin non pas de plus d'armes, mais de meilleures armes.
Et au Vietnam ?
L’objectif de Vladimir Poutine au Vietnam est plus flou qu’avec la Corée. En effet, le Vietnam évite depuis le début de se prononcer sur la guerre, car le pays est normalement neutre.
Également interrogé dans Décryptages, Rik Torfs, ancien recteur de la KULeuven, nous explique : « Le Vietnam est coincé entre la Russie, la Chine et les États-Unis avec une tradition très anti. Cette visite au Vietnam est sans doute une visite plutôt diplomatique en tant que telle. Et là on peut se demander qui a le plus à gagner ou à perdre là-dedans. »
Pour le professeur, Poutine a déjà sans doute une petite victoire en étant reçu et en pouvant engager la conversation avec le Vietnam. « Tandis que pour le Vietnam, ce n'est peut-être pas une très bonne solution de recevoir Poutine avec beaucoup d'égards en ce moment. »