Points clivants en 2019, l’environnement et le climat étaient des sujets de seconde zone lors de cette campagne. Et cela se reflète dans les résultats à la sortie des isoloirs. Si les écologistes ont fait des erreurs, l’urgence n’a pour autant pas disparu. Alors comment expliquer cette défaite ? Et que devons-nous attendre des cinq prochaines années en termes de politique écologique ?
La chute est dure pour les écologistes, avec une perte de vingt-cinq sièges au cumul du fédéral et des régions wallonne et bruxelloise. Le dossier des PFAS, le plan GoodMove à Bruxelles et le retournement de veste concernant le décret paysage se paient donc chers. Si chers, que les co-présidents ont présenté leur démission.
Et pourtant, chez nous, les inondations se multiplient et les cultures souffrent des fortes précipitations. De l'autre côté du globe, ce sont les feux de forêt qui continuent de faire des ravages. Mais cela n’était, semble-t-il, pas suffisant pour que les candidats Ecolo parviennent à ramener l’écologie dans le débat.
Lorsque le sujet est abordé dans Décryptages, Christophe Renders, chargé d’analyse et d’animation au Centre Avec, nous apporte une explication : “Les écologistes sont venus au pouvoir en 2019 avec les grandes marches pour le climat. Nous avions eu un été très chaud auparavant. La population était frappée par le fait que le climat pouvait venir comme une question cruciale et donc beaucoup de gens s'en préoccupaient. Aujourd'hui, il y a sans doute une sorte de fatigue.”
Le climat serait donc moins crucial aujourd’hui ? Sans doute pas, puisque le désintérêt n’est pas total. D’ailleurs, tous les partis ont aujourd’hui intégré des points concernant l’environnement dans leur programme. C’est ce que nous explique Christophe Renders : “Les Engagés en font aussi un point de leur programme. Ils se défendent d’une écologie pragmatique.”
Ce que nous disent les programmes
Les grands gagnants de ces élections côté francophone sont donc le MR et les Engagés. Et comme mentionné plus tôt, tous deux ont intégré le climat dans les mesures qu’ils aimeraient porter une fois au pouvoir.
Sur le papier, les deux partis soutiennent le développement des énergies renouvelables, même si le MR intègre le nucléaire comme complément. Les Engagés, eux, voudraient en sortir progressivement. Les deux partis semblent être en accord sur la nécessité d'inciter à la rénovation énergétique pour améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments. Enfin, tous deux souhaitent encourager les véhicules électriques et améliorer les infrastructures de transport en commun, bien que les méthodes et l'ampleur des mesures diffèrent.
Des points communs donc, mais aussi des divergences, comme le plan GoodMove à Bruxelles. Si les Engagés ne sont pas contre, ils seraient pour une révision de la méthode. Par contre, le MR veut “enterrer” le projet.
Éviter l’écologie punitive
Les Engagés se réclament donc d'une écologie pragmatique. Christophe Renders en identifie deux autres types : l’écologie dogmatique et l’écologie punitive. Cette dernière est à éviter. “Les classes populaires peuvent se sentir exclues. Elles, qui sont les plus durement touchées, ont l'impression que l'écologie est parfois une affaire de bobos, de gens plutôt éduqués, de certains milieux de vie, etc.,” nous explique-t-il. “C'est un grand défi que de penser l'écologie pour elle-même, mais aussi dans une perspective de justice sociale. Le plan GoodMove c'est l'exemple même de quelque chose de bon dans ses intentions, mais qui était mal communiqué et dans lequel on n'a pas impliqué des populations durement touchées.”
À Bruxelles comme en Wallonie, les négociations suivent leur cours et les sujets écologiques devront bien être réglés à un moment ou un autre. Pour Christophe Renders, il faudra surtout “voir la capacité des Engagés à faire des arbitrages face aux lobbies et pas seulement en fonction de l'économie et de l'emploi, mais aussi vis-à-vis de l’écologie.”