Ça se bouscule dans les chaumières et sur le calendrier! Parfois, la liturgie nous fait faire un grand saut temporel. Sans respirer, nous passons du 4e dimanche de l’Avent à la Vigile de Noël...
Aurons-nous le temps de nous arrêter un moment au beau milieu des multiples préparatifs en cours pour la fête de famille? Que les dernières courses, la touche finale des décorations ne nous écartent pas de l’essentiel. Que le souci que "tout se passe bien" - quelle famille ne connaît pas l’une ou l’autre tension? - ne se transforme pas en anxiété tendue. Retour à l’évangile, dans un récit bien connu. Loin de l’agitation et du bruit qui envahissent nos rues.
Un huis clos… retentissant… Une rencontre, un dialogue dans une maison entre deux interlocuteurs. Tout se passe dans la discrétion. Que peut-il arriver d’exceptionnel dans cette petite ville de province? Et pourtant, c’est bien là que surgit l’Inattendu. Une jeune femme dont le parcours de vie est tout tracé, avec la perspective d’un mariage. On comprend son bouleversement à l’arrivée du messager de Dieu. Que vient-il faire dans sa vie? Il prononce alors des paroles rassurantes, comme souvent dans la Bible lorsqu’un ange vient visiter des humains. L’effroi est là, généré par cette question: mon Dieu, que va-t-il se passer? S’ensuit tout un dialogue: devant ce que l’ange annonce, Marie questionne et reçoit des réponses. Cet échange la fait avancer dans la compréhension de ce qui est dit. Sait-elle ce qui va arriver? Le comprend-elle? Oui, sans doute, mais confusément. Tout cela va l’amener à accepter: que tout m’advienne selon ta parole.
Qu’a-t-elle accepté? De donner naissance à un fils, mais pas n’importe lequel: le Fils du Très-Haut, autrement dit le Fils de Dieu. Son nom sera Jésus, Dieu sauve.
Non, elle ne savait pas à quoi elle s’engageait… mais elle a choisi de le faire car elle a fait confiance. Par la suite, sa vie n’a pas été sans douleurs, comme tant de vies. Le retentissement de cette acceptation, dans le secret d’une humble maison, parcourt encore le monde aujourd’hui. C’est grâce à son "oui" que, bien longtemps après, nous célébrons Noël.
Non pas un Noël clinquant mais intérieur, qui se fonde sur la confiance de la venue du Sauveur en nous et autour de nous. Une confiance dans la présence de celui qui sera aussi appelé Emmanuel, Dieu avec nous.
Que l’Esprit de Noël - avec un grand E! - soit à l’œuvre en nous. Ainsi serons-nous, là où nous sommes, dans toutes les rencontres, messagers de cette paix qui vient de plus loin que nous. Ne serait-ce pas là un peu de cette "magie de Noël" tant désirée?
Avec Marie, en partageant sa confiance, nous pouvons prier:
L’amour du Seigneur, sans fin je le chante;
ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge.
Je le dis: c’est un amour bâti pour toujours;
ta fidélité est plus stable que les cieux. (du psaume 88)
Cieux, distillez d’en haut votre rosée,
que descende le Juste,
comme une pluie;
que la terre s’ouvre et que germe le Sauveur. (Is 45,8)
Marie-Thérèse HAUTIER