Nicolas Baijot est aumônier à la Caserne Camp Roi Albert à Marche-en-Famenne. Son père étant militaire de carrière, son chemin semblait tracé. Pourtant, il aurait pu avoir un parcours tout autre puisqu’il avait étudié l’agronomie et la sylviculture à Gembloux. Mais une expérience dans l’armée et son choix de devenir prêtre ont fait de lui le candidat idéal pour cette mission qu’il nous fait découvrir dans cet entretien.

Il était une foi – diffusée dimanche 5 novembre 2023 à 20h sur la Première
Réalisation et présentation: Angélique Tasiaux et Manu Van Lier
« Cette demande n’a pas été une grande surprise pour moi, compte tenu de mon expérience de militaire au sein de la Défense. Je n’ai pas quitté l’armée pour la fuir, mais pour servir davantage l’Eglise », explique Nicolas Baijot. Pour lui, être aumônier consiste à assurer une présence. « Contrairement au curé de paroisse qui se trouve dans un lieu ecclésial, l’aumônier est dans un lieu qui n’est pas Eglise, que ce soit la prison, l’enseignement, l’hôpital ou l’armée. C’est d’abord un ministère de l’écoute. Ensuite, il y a tout ce qui est sacramentel. L’aumônier militaire est curé personnel, des militaires mais aussi de leurs familles. Il n’est pas rare de célébrer, avec des registres propres, des baptêmes, des mariages ou des funérailles. Il y a aussi des moments plus traditionnels, comme la remise d’une petite médaille du saint patron que l’on porte dans son béret. L’aumônier peut aussi être invité, notamment pour les cérémonies du souvenir. Certains bataillons ou fraternelles demandent alors une eucharistie pour les militaires qui le souhaitent. En outre, il y a l’accompagnement des militaires en opération, qui représente un soutien à la fois moral et spirituel. Aujourd’hui, cela se déroule en Lituanie et en Roumanie; il y a quelques années, c’était en Afghanistan, au Liban, au Rwanda et en Somalie. »
Lors de la Première Guerre mondiale, il est apparu que la présence des aumôniers militaires augmentait les performances et l’efficacité des hommes sur le terrain. Prêts à donner leur vie, ceux-ci prêtaient assistance aux blessés et apportaient les secours nécessaires, se souvient l’abbé Baijot. Au sein de l’armée, ce passé glorieux des aumôniers militaires assure encore « une confiance certaine » à leurs successeurs.
Loin des apparences, le padre souligne la sensibilité des miliaires pour le domaine spirituel. « Le fait qu’ils soient amenés à connaître des théâtres d’opérations humainement difficiles réveille la question de l’essentiel. » D’où l’importance du soutien de leurs médailles!
Une reconnaissance de ses pairs, les militaires
« Il y a peu, je participais aux quatre jours de la MESA, la Marche européenne du souvenir et de l’amitié. Par ailleurs, un aumônier qui marche à une bonne cadence et est capable de ne pas les déranger lors d’une progression tactique, cela les rassure. Il n’est plus prévu que nous suivions une formation militaire. Avant, cela allait de soi, de par le service. Actuellement, il y a toutefois une réflexion pour combler ce manque. Il en va néanmoins de la responsabilité individuelle, de se former, de maintenir sa condition physique et ses connaissances tactiques. On n’est pas combattant, mais on évolue dans un environnement qui l’est. »
Professeur d’histoire de l’Eglise au séminaire de Namur, l’abbé Baijot constate que la parole n’efface pas la guerre. « L’humanité a son lot à porter, dont des horreurs. C’est parfois un appel à lutter pour un monde plus juste, à rappeler la mission des militaires: œuvrer pour un monde meilleur. C’est là qu’on peut (ré)concilier foi et armée. »