Expo : L’antiphonaire de Salzinnes ou l’histoire rocambolesque d’un livre de chant


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Expo : L’antiphonaire de Salzinnes ou l’histoire rocambolesque d’un livre de chant
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Les Namurois retrouvent les richesses d’un ancien livre de musique disparu au Canada. L’occasion de découvrir un exemplaire exceptionnel et une abbaye jadis flamboyante.

25 ans… Il y a déjà ou seulement 25 ans que l’antiphonaire de Salzinnes est sorti de sa léthargie, grâce à la perspicacité d’une chercheuse canadienne. Judith Diez va, en effet, consacrer sa carrière à redéployer ce manuscrit enluminé tombé dans l’oubli. Une exposition namuroise met en lumière cet exemplaire remarquable, revenu pour quelques mois dans ses terres natales et escorté par Judith Diez. 

Judith Diez, une Canadienne au rôle fondamental dans la redécouverte de l'antiphonaire de Salzinnes
© CathoBel

Comme l’indique Aurore Carlier, conservatrice à la Société archéologique et commissaire belge de l’exposition, l’arrivée de l’antiphonaire nous plonge 900 ans en arrière, à la fondation de l’abbaye de Salzinnes (1196-1197), "lovée au creux d’un méandre de la Sambre". A la Révolution française, les sœurs sont chassées et le patrimoine vendu, hormis deux modestes pièces accessibles dans l’exposition : la console d’un pied droit de cheminée et un chandelier.  
Au milieu du XIXe siècle, un prélat canadien, William Walsh, acquiert l’antiphonaire pour sa dévotion personnelle, nous précise Aurore Carlier. L’archevêque d’Halifax l’achète probablement lors d’un de ses déplacements en Europe, à une époque où de nombreux biens ecclésiastiques sont mis en vente. Et voilà le manuscrit précieux traversant l'Atlantique…

Un géant fragile

L'antiphonaire dans sa vitrine venue tout droit du Canada.
© CathoBel

L’antiphonaire compte 16 kilos de parchemin, tandis qu'une vitrine de 300 kilos a spécialement été transférée du Canada pour le préserver. De grandes dimensions (un peu plus de 60 centimètres sur près de 40 centimètres), l’ouvrage liturgique devait être posé sur un lutrin pour être facilement accessible depuis le chœur. Il contient 480 pages, soit 240 folios, ce qui a dû nécessiter 120 peaux de bête. Son financement a reposé sur la famille de Julienne de Glymes, alors prieure et chantre au sein de l’abbaye. "Cet antiphonaire est celui d’hiver, puisqu’il court du 30 novembre aux fêtes de Pâques. S’il s’inscrit dans la tradition des partitions musicales déterminées par Bernard de Clairvaux, il a toutefois conservé la notation médiévale", constate Aurore Carlier. D’un point de vue esthétique, il abrite 12 folios enluminés. On y retrouve la modernité de la Renaissance et la tradition gothique. La rareté de la police de l’écriture déployée renforce la préciosité de ce manuscrit. Trois particularités distinguent l’antiphonaire de Salzinnes :  les portraits, complétés d’une mention manuscrite. "Il s’agit des sœurs de sang de Julienne: des cisterciennes, des carmélites, une bénédictine…", ajoute Aurore Carlier. Ces références à d’autres ordres religieux sont exceptionnelles. Enfin, les armoiries de ses mécènes s’y trouvent reproduites. Deux ans ont été nécessaires à sa réalisation. Et plus de 460 ans avant sa présentation le temps d’un hiver.

Angélique TASIAUX

Des Siècles de Silence est à voir jusqu’au 11 février 2024 au TreM.a, le Musée des Arts anciens du Namurois

En bonus !

En marge de l’exposition consacrée à l’antiphonaire de Salzinnes, découvrez Libris. Pages d’histoires namuroises au Pôle muséal Les Bateliers. Sans oublier Chanter le sacré. Manuscrits musicaux du Musée diocésain de Namur, exposés dans l’église Saint-Joseph (en face du TreM.a). Composés entre les XVe siècle et XVIIIe siècle, ces livres de chant proviennent d’institutions religieuses namuroises. Ils se distinguent par leur taille et constituent un ensemble remarquable.

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Catégorie : Belgique

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