Ce mardi, le Pape a publié un message aux jeunes en vue de la 38ème journée mondiale de la jeunesse, qui aura lieu le 26 novembre prochain, au niveau diocésain. Pour se préparer au jubilé des jeunes de 2025 à Rome, François propose de réfléchir cette année à la joie de l’espérance. Un thème d’autant plus nécessaire que le contexte mondial est sombre.
«Vous, les jeunes, vous êtes la joyeuse espérance d'une Église et d'une humanité toujours en marche». Après un report dû à la pandémie, François se souvient avec émotion des JMJ tant attendues de Lisbonne cet été, une «véritable expérience de transfiguration, une explosion de lumière et de joie!». Comme annoncé en août, les prochaines Journées mondiales de la Jeunesse auront lieu à Séoul, en Corée, en 2027, mais il y aura avant cela le Jubilé des jeunes à Rome en 2025. Et pour s’y préparer, le Pape propose de réfléchir à l'expression paulinienne «Joyeux dans l’espérance» (cf. Rm 12, 12) en 2023 et à celle du prophète Isaïe «Ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur […] marchent sans se fatiguer» (Is 40, 31), en 2024.
Dans cette perspective, le Souverain pontife qui aimerait les «prendre par la main et parcourir avec [eux] le chemin de l'espérance» publie ce mardi un message datant du 9 novembre sur la joie dans l’espérance, à l’occasion des 38ème Journée de la jeunesse qui auront lieu au niveau diocésain le 26 novembre prochain.
La joie vient de l’amour de Dieu
Lorsque saint Paul exhorte à la joie de l’espérance, les temps sont sombres, la communauté de Rome se trouve dans une grave période de persécution, rappelle François. Aussi, cette joie prêchée par l’apôtre n’est «le fruit de l'effort humain, de l'ingéniosité ni du savoir-faire», elle «découle de la rencontre avec le Christ», et «jaillit du mystère pascal», de la résurrection.
La joie chrétienne vient de Dieu lui-même, du fait que nous nous savons aimés de Lui. Et le Pape de citer son prédécesseur pour qui la certitude émanant de l’«accueil inconditionnel» de Dieu qui offre cette joie de savoir qu’il est «bien que j’existe», «même dans les temps difficiles». «La foi rend heureux à partir de l’intérieur», affirmait Benoît XVI à la Curie en décembre 2011.
Contraster le désespoir en faisant partie de la réponse de Dieu
La jeunesse est une période pleine d’espoirs et de rêves, nourris par «la splendeur de la création», les relations personnelles, les connaissances scientifiques et techniques, les expériences artistiques et culturelles ou les initiatives visant à la paix, la justice et la fraternité. Pourtant pour beaucoup aujourd’hui et notamment des jeunes, «l'espérance semble être la grande absente».
Quand on expérimente la guerre, la violence, le harcèlement, comment échapper au désespoir, à la peur et à la dépression? Des jeunes, note François, se sentent «comme enfermés dans une sombre prison, incapables de voir les rayons du soleil», certains taux élevé de suicide en est la preuve dramatique, poursuit-il. Dans un tel contexte, comment contraster le désespoir et le sentiment d’inutilité pour éprouver la joie et l'espérance dont parle saint Paul? «Nous pouvons faire partie de la réponse de Dieu», affirme le Pape. «Créés par Lui à son image et à sa ressemblance, nous pouvons être une expression de son amour qui fait naître la joie et l'espérance même là où cela semble impossible.»
Plusieurs exemples viennent à l’esprit de François. Il évoque saint Maximilien Marie Kolbe, sainte Joséphine Bakhita ou ce père de famille dans le film «La vie est belle» qui transforme l’adversité en aventure et parvient à sauvegarder l’innocence de son enfant, empêchant le camp de concentration de lui voler son avenir. Il est possible d’allumer l’espérance dans le cœur des hommes à partir du témoignage chrétien, assure le Pape. Il cite le poème de Charles Péguy sur la «petite» espérance qui fait marcher la foi et la charité. Elle est le sel du quotidien, confirme François.
Une lumière dans la nuit
Dans son message, le Pape rappelle que, dans le Triduum pascal, le lieu de l’espérance est le Samedi saint, un «intermédiaire» entre le désespoir des disciples et leur joie pascale. Il souligne que «Dieu ne se contente pas de regarder avec compassion nos lieux de mort ou de nous appeler de loin, mais Il entre dans nos expériences des enfers comme une lumière qui resplendit dans les ténèbres, et Il en triomphe (cf. Jn 1, 5).» Quant à celle qui incarne l’espérance, c’est Marie «qui remplit le silence du Samedi Saint d'une attente aimante et pleine d'espérance, en inculquant aux disciples la certitude que Jésus vaincra la mort et que le mal n'aura pas le dernier mot».
L'espérance chrétienne n'est pas une négation de la souffrance et de la mort. Elle n’est «ni un optimisme facile ni un placebo pour les crédules», affirme François, mais «une célébration de l'amour du Christ ressuscité qui est toujours avec nous, même lorsqu'il semble loin». Le Christ est pour nous la grande lumière de l'espérance et la boussole dans notre nuit, écrit-il.
Prendre soin de l'étincelle
Le Pape invite les jeunes à prendre soin de leur espérance. Il suggère, pour que l’étincelle allumée en nous ne soit pas étouffée par les préoccupations du quotidien, de prendre le temps de prier. On prend ainsi de la hauteur et l'on retrouve le soleil, toujours présent, même par temps de grisaille. François propose également aux jeunes d’adopter un style de vie et des gestes concrets fondés sur l’espérance. Sur les réseaux sociaux, il les invite à partager une parole d’espérance chaque jour plutôt que de relayer une mauvaise nouvelle. Ils deviendront ainsi des «semeurs d’espérance».
Devenir un flambeau d’espérance pour autrui
Comme une torche dans la nuit, la lumière de l’espérance qui est le Christ permet de tout voir sous un jour nouveau, assure François. «Animé par l'espérance divine, le chrétien est rempli d'une joie différente qui vient de l'intérieur» et, résume-t-il, on sait que les difficultés n’auront pas le dernier mot. Le Pape invite à témoigner de ce regard chrétien pour devenir «un petit flambeau d’espérance pour les autres» car pour lui, «nous ne pouvons être heureux qu’en partageant la grâce reçue». L’espérance ne peut être protégée comme un trésor, elle est «destinée à tout le monde».
François invite en particulier à prendre soin de ceux qui nous entoure, notamment «nos amis qui peuvent sourire en apparence, mais qui pleurent à l’intérieur, qui sont pauvres en espérance». Il exhorte les jeunes à ne pas se laisser contaminés par l’indifférence et l’individualisme, mais a resté ouverts «comme des canaux à travers lesquels l'espérance de Jésus peut s’écouler et se répandre dans les milieux où vous vivez.»
Marie Duhamel pour Vatican News