Développée par une équipe pluridiciplinaire rattachée à l’UCLouvain, la cartographie EcclesiaLab est en ligne depuis le 1er octobre. Les curieux et les équipes pastorales dynamiques y trouveront de beaux exemples d’initiatives ecclésiales innovantes en Europe francophone et au Québec. Le journal Dimanche, cette semaine, en propose quelques exemples.
Qu'est-ce que c'est, Ecclesia Lab ?
Premier lieu sélectionné: le jardin partagé de la Belle Eau
L'asbl paroissiale de Frasnes-lez-Anvaing a trouvé une manière originale d’appliquer Laudato si’ depuis un an et demi. Un espace disponible dans le quartier de la Belle Eau sert désormais de jardins partagés. "Un propriétaire nous a donné un grand terrain de 5 ares", raconte le secrétaire de l’asbl, Jacques Van Quickelberghe, dans une vidéo tournée par le diocèse de Tournai. Plutôt que d’agrandir un parking, ou de n’installer qu’une pelouse, la paroisse a choisi d’en faire un usage destiné à tous les occupants des appartements qui sont construits dans ce quartier. "Les habitants n’ont pas forcément de terrasse, ni de jardin. Pour ceux qui ont la main verte, c’est bien d’avoir un petit lopin accessible facilement", confirme le secrétaire et trésorier.
Dans ce projet, tout a été pensé soigneusement. Huit espaces de 45 m² sont installés sur le terrain, tous accessibles via un sentier ouvert par un portillon. Trois cuves de 1.000 litres sont prévues pour alimenter ces jardins en eau. La paroisse a aussi pensé à un coin plus convivial où les usagers peuvent s’asseoir et discuter pour échanger les bons tuyaux. Ce projet repose sur une maigre participation financière des jardiniers (30 euros par an) et surtout sur leur engagement à participer pendant au moins deux ans.
L’esprit Laudato si’ pousse la réflexion jusqu’au fait de pouvoir donner les légumes et fruits en trop au Groupe d’Action Local (GAL) de la commune. Une preuve que l’écologie rime avec solidarité et convivialité.
Deuxième lieu inspirant: L’accueil Marthe et Marie à Lomme (près de Lille)
Quel est le lien entre une exposition d’artistes du quartier, une librairie, des concerts et une initiative
catholique? L’accueil Marthe et Marie, situé en périphérie de Lille, réussit ce mélange depuis 2011. Il
s’agit d’une ‘maison d’Eglise’, selon le terme consacré, destiné à accueillir le plus grand nombre, que ce soient les résidents du quartier, ou les visiteurs des établissements médicaux tout proches. La démarche est inspirée de l’encyclique Fratelli Tutti, tous frères: chacun est accueilli ici en tant qu’ami et non en tant qu’inconnu, malade ou résident du quartier. Que ce soit pour une pause entre deux rendez-vous médicaux ou à l’occasion de la visite d’un proche, pour jeter un oeil à la librairie ou participer à une activité, prier à la chapelle ou échanger autour d’un café, le visiteur s’y sent vite ‘comme chez lui’.
Ce projet mis en place par le diocèse de Lille, l’université catholique de Lille et la communauté des Oblates de l’Eucharistie, intègre une "pastorale de l’écoute" et une autre autour du regard. D’où le nom choisi: Marthe et Marie, celle qui s’active et celle qui écoute. Si certaines activités sont plutôt tournées vers l’apport spirituel, d’autres contribuent à ce que chaque visiteur y trouve son bienêtre.
Troisième lieu choisi pour vous: Le béguinage contemporain de Cornillon (Liège)
En matière d’habitat partagé autour d’un projet spirituel, les volontaires peuvent compter sur le
béguinage de Cornillon, ouvert en 2021. Installé au sein du sanctuaire Sainte-Julienne, dans ce qui
était anciennement le monastère des Clarisses, ce béguinage contemporain est ouvert à des couples,
à des jeunes ou des personnes célibataires qui acceptent de s’inscrire dans un projet de vie chrétien.
Dans ce bâtiment ancien, deux maisons et cinq appartements ont été aménagés aux normes
actuelles. Chaque locataire, outre ses activités professionnelles et familiales, est invité à s’engager
dans un "petit service selon ses talents et ses disponibilités". L’ancrage du béguinage dans la vie
sociale, ouvert sur le quartier de Cornillon et la ville de Liège, s’illustre tout au long de l’année. Ce lieu
peut représenter une manière d’articuler une vie à la fois "autonome et solidaire" selon la volonté des
initiateurs du sanctuaire Sainte-Julienne. Liège renoue donc avec la tradition du béguinage qui serait
apparu au XIIe siècle dans cette région avant de se développer en Flandre et à Bruxelles dans les
siècles suivants.
✍ AFdB