Ce mardi 19 septembre au matin, l’Azerbaïdjan s’est lancée à l’assaut de la province séparatiste du Haut-Karabakh, peuplée d’Arméniens. Une offensive condamnée par de nombreux chefs d’état de par le monde, mais également le pape François, qui s’est dit inquiet pour la situation humanitaire sur place. L’Oeuvre d’Orient a quant à elle appelé à la mobilisation en faveur des Arméniens du Haut-Karabakh, « abandonnés depuis des mois ».
Mise à jour : un cessez-le-feu a été annoncé ce matin.

Les troupes azerbaïdjanaises ont donné l’assaut, mardi 19 septembre, à la province séparatiste du Haut-Karabakh, une enclave peuplée majoritairement d’Arméniens. L’artillerie et l’aviation azerbaïdjanaise ont entamé une campagne de bombardements de grande ampleur contre plusieurs villes, dont Stepanakert, capitale autoproclamée de cette enclave arménienne, et Martakert. En parallèle, des troupes au sol ont donné l’assaut aux positions tenues par les forces séparatistes.
Les autorités arméniennes font actuellement état de 32 morts et 200 blessés dans l’offensive. 7 000 autres ont été évacuées.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se disputent depuis plus de trente ans le contrôle de cette province. Le dernier affrontement a eu lieu à l’automne 2020, avec une guerre – la guerre des 44 jours – qui s’est soldée par une déroute militaire arménienne et le déploiement de soldats de maintien de la paix russes dans la région.
L’Arménie ne semble aujourd’hui pas en mesure d’entraver les désirs de conquête azerbaïdjanaise de ce petit territoire. Comme l’analysent nos confrères de La Croix, cette nouvelle phase dans le conflit mal éteint entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan « menace de sonner le glas de la présence arménienne dans ce territoire enclavé ». Les habitants du Haut-Karabakh redoutent une invasion générale des forces azerbaïdjanaises, « première étape avant une probable épuration ethnique, avec son lot d’exactions et son cortège de réfugiés fuyant vers l’Arménie voisine ».


L’appel du Pape pour la paix au Haut-Karabakh
À l’issue de l’audience générale de ce mercredi 20 septembre, l’évêque de Rome a lancé un appel pour trouver des solutions pacifiques au Haut-Karabakh.
«Hier, j’ai reçu des nouvelles inquiétantes du Haut-Karabakh (…) où la situation humanitaire déjà critique est maintenant aggravée par de nouveaux affrontements armés» a déclaré le Pape François, place Saint-Pierre.
«Je lance un appel urgent à toutes les parties prenantes et à la communauté internationale pour qu’elles fassent taire les armes et fassent tout leur possible pour trouver des solutions pacifiques pour le bien de la population et le respect de la dignité humaine» a-t-il ajouté.
L’Œuvre d’Orient appelle à une mobilisation d’urgence

Dans un communiqué de presse paru quelques heures après l’offensive, l’Œuvre d’Orient, association apolitique œuvrant depuis 167 ans pour soutenir les communautés chrétiennes au Proche et au Moyen-Orient, a dénoncé le sort des Arméniens du Haut-Karabakh, « enfermés, encerclés, abandonnés depuis des mois ».
Les produits de première nécessité (nourriture, produits d’hygiène, médicaments, carburants et électricité) ne leur parviennent pas. Ils sont menacés dans la survie de la communauté.
L’esprit du génocide de 1915 se maintient. La communauté internationale ne peut rester silencieuse, face à cette attaque de grande ampleur.
L’Œuvre d’Orient, Communiqué de presse, 19 septembre 2023.
L’Œuvre d’Orient demande aux autorités nationales, internationales et à l’opinion publique française « de se mobiliser d’urgence pour une solution concrète d’aide aux Arméniens du Haut-Karabakh ». Mais également que « les moyens soient pris pour assurer la sécurité intégrale du territoire de l’Arménie ».
Dans un second communiqué, paru au lendemain de l’assaut, l’Œuvre d’Orient demande des sanctions envers l’Azerbaïdjan :
« Les génocidaires de 1915 n’ont rien oublié et rien appris. Les arméniens sont de trop sur leur propre terre historique. Considérés comme des nuisibles et des terroristes il faut les affamer, les encercler, les faire disparaître. Les demandes de l’ONU ou celles de la justice internationale n’ont jusque là servi à rien.
On ne peut accepter une telle situation encouragée par les autorités turques.
Le conseil de sécurité, l’Union européenne, les gouvernements européens doivent exiger le retour sans délai aux frontières initiales, ainsi qu’un libre accès au corridor de Latchin.
Les ambassadeurs d’Azerbaïdjan doivent être immédiatement convoqués. Des sanctions doivent être étudiées. L’opinion publique française doit être informée et mobilisée.
Un rassemblement à Paris doit être envisagé. »
Annonce d’un cessez-le-feu et ouverture de pourparlers
Loin de marquer une résolution du conflit, les autorités azerbaïdjanaises ont néanmoins confirmé un accord pour un cessez-le-feu, à dater du mercredi 20 septembre, ainsi que la tenue de premiers pourparlers jeudi sur la réintégration du territoire du Haut-Karabakh, disputé avec l’Arménie.
C.L. (avec CP, Vatican News et la Croix)