Commentaire de l’évangile du 24e dimanche du Temps Ordinaire A : “Le pardon”


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Commentaire de l’évangile du 24e dimanche du Temps Ordinaire A : “Le pardon”
Par Angèle Mamuza
Publié le
3 min

Nous souffrons du mal que nous subissons et pardonner est difficile. Nous ressassons sans cesse cette souffrance... Voyons ce que nous dit notre commentateur du jour...

Pardonner n’est pas humain. Ce n’est pas du tout une attitude spontanée. Bien au contraire! L’homme cherche toujours à se venger, et cette vengeance est sans fin et sans limite. On voudrait détruire l’adversaire, non seulement dans sa personne, mais aussi dans tous ses biens et dans toute sa famille. Mais cela n’est pas assez et ne sera jamais assez parce que, pour pouvoir guérir la blessure reçue, cela ne sert à rien de détruire l’autre. Il faut se transformer soi-même.

Trop souvent le mal subi nous pousse à nous replier sur nous-mêmes et à ressasser notre malheur. C’est comme si nous caressions ou nous grattions la blessure reçue. Cela ne fait qu’aviver la douleur et envenimer la plaie. Nous courons le risque d’y apporter la gangrène. Alors notre cœur n’est plus qu’une immense plaie: on ne pense et on n’agit que par rapport à cette blessure qu’on nous a faite. Non! Face au mal qu’on a subi, il n’y a qu’un traitement efficace: c’est le pardon.

Pour cela, il faut être capable de changer de point de vue, de voir les choses autrement. La Bible nous dit que le Seigneur était parfois tellement irrité contre son peuple qu’il songea à le laisser mourir de faim et de soif dans le désert. Mais une mère laisserait-elle son enfant mourir ainsi? Bien sûr que non! Dieu a pris tant de plaisir à créer le ciel et la terre, l’homme et la femme, chacun d’entre nous, qu’il ne peut nous laisser aller à notre perte. Voilà pourquoi il nous corrige parfois.

Mais il y a tant de méchancetés dans le monde et tant de cruauté. Est-ce que nous devons tout accepter, tout pardonner? Il y a surtout beaucoup de choses que nous ne comprenons pas et que nous ne comprendrons jamais. Quand la Vierge Marie a vu son fils mis en croix, elle aurait pu en vouloir aux apôtres. Ils s’étaient tous enfuis. Mais elle est restée avec eux. Elle a même continué à prier avec eux. Ils étaient autour d’elle, comme des poussins autour d’une présence chaleureuse et réconfortante. Marie avait dépassé sa possible rancune pour apporter aux autres le meilleur d’elle-même.

Il y a tant de belles choses à faire dans le monde. Oui, c’est vrai! On porte dans le cœur la trace de vilaines blessures qui nous empêchent de laisser s’épanouir la fleur de l’amour. C’est comme Jésus ressuscité. Il porte dans son corps les marques des clous et du coup de lance dans son côté. Cela lui permet non pas d’en faire le reproche à ses disciples, mais de montrer jusqu’où peut aller son amour. Et cela, nous le voyons tous les jours dans le dévouement de tant d’hommes et de femmes dans notre paroisse et dans notre communauté. Nous le voyons aussi dans cette eucharistie où Dieu encore une fois se donne tout entier à chacun d’entre nous. Il connaît nos petites faiblesses, mais il sait aussi combien nous aimerions être heureux. Il nous tend la main comme il l’a fait avec Pierre quand il s’enfonçait dans les eaux tumultueuses du lac de Génésareth.

Pardonner, ce n’est pas humain, mais c’est indispensable si on veut vivre. C’est pour cela que nous pouvons sans cesse dire merci à Dieu.

Sierra Exif JPEG

Frère Philippe HENNE, o.p.

Catégorie : L'actu

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