Chaque année, du 1er septembre au 4 octobre, le pape François invite à célébrer le Temps pour la Création. A cette occasion, les référents à l’écologie intégrale des diocèses et vicariats du Brabant Wallon, Bruxelles, Liège, Namur et Tournai renouvellent l’appel de leurs évêques vers une conversion éco-spirituelle.

Si, en tant que chrétiens et chrétiennes, nous cherchons une relation à Dieu toujours plus profonde, force est de constater qu’il ne nous est pas aisé d’intégrer la création que le Seigneur nous a confiée dans ce désir de communion et de croissance spirituelle. Pourquoi cette méfiance face à l’écologie, ou du moins cette difficulté à voir derrière ce mot un appel à développer notre être et à communier toujours davantage?
Disons-le d’emblée: l’écologie n’est pas un sujet réservé à certains partis politiques et quelques activistes. Elle ne peut être une liste puritaine d’injonctions. Elle ne peut s’arrêter à des considérations techniques pour résoudre les crises climatique et environnementale. Elle ne peut se résumer au sauvetage des ours polaires et des abeilles. L’écologie nous pose la question de nos relations, avec Dieu, avec la création, tant la nature que nos frères et sœurs, avec nous-même. C’est pour cela que l’Eglise parle d’écologie intégrale.
Ecologie oui, mais écologie intégrale
L’écologie intégrale concerne le soin à apporter à la création, sous divers aspects: environnemental, social, politique, économique, spirituel, culturel, etc. La lumière de l’Evangile nous révèle que c’est aux plus vulnérables qu’il faut apporter le plus grand soin. Aujourd’hui, les dommages causés à la création nous font réaliser que « parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée » (Laudato si’ 2).
Comme l’écologie intégrale nous questionne sur nos pratiques quotidiennes et nos structures sociétales, nous sommes tentés de passer chaque geste de notre vie au crible. Dois-je prendre le train ou la voiture? Devrais-je devenir végétarien? Nous avons tendance à vouloir porter individuellement toutes ces problématiques, ce qui ne peut que nous décourager. Les gestes individuels sont nécessaires, mais insuffisants. Nous oublions que l’enjeu est collectif, que c’est la somme de nos talents qui enrichit le monde. Ainsi, nous ne pouvons pas tous agir de façon identique – nous transformons différemment la société en fonction de nos contraintes, de nos phases de vie – mais nous pouvons agir de façons complémentaires.
L’amour et la joie
Alors, rappelons l’essentiel pour discerner notre action. D’abord, le meilleur des dons comme le dit saint Paul: l’amour. Nous sommes créés sur mesure pour agir par amour. Ne brisons donc pas la communion entre nous, catégorisant ceux qui ne pensent pas comme nous, entre les bobos zadistes et les réacs climato-sceptiques. Cette maison est commune. Deuxième critère de discernement: la joie. D’ailleurs, saint Paul le commande: « Soyez toujours dans la joie du Seigneur; je le redis: soyez dans la joie » (Ph 4, 4). Dans quels moments suis-je dans la joie? Il s’agit bien de la joie évangélique, non pas d’un bien-être lié au confort, au cocooning. Nous nous investissons davantage dans les lieux où nous nous sentons vivants, et c’est souvent là que nous portons le plus de fruits.
A partir de ces deux critères, nous pouvons nous attaquer concrètement aux crises climatiques et environnementales auxquelles nous faisons face. Pour ce faire, le pape nous invite à « transformer nos cœurs, nos modes de vie et les politiques publiques qui régissent nos sociétés » (message pour le Temps pour la Création, 13 mai 2023). Nos modes de vie et nos politiques publiques sont des enjeux collectifs et temporels, et c’est donc une responsabilité collective que nous avons. La transformation de nos cœurs est par contre personnelle: c’est la conversion écologique que mentionnait déjà saint Jean-Paul II, c’est une douloureuse conscience de l’état du monde; c’est oser transformer cette conscience en souffrance personnelle (LS 19).
Une célébration sous le signe de la conversion éco-spirituelle
Tout comme le Carême est un temps particulier pour nous réconcilier avec Dieu, il existe aussi un temps pour Lui redire notre louange devant Sa création et notre désir d’en prendre soin. Ce temps œcuménique s’intitule « le Temps pour la Création ». Il se déroule chaque année du 1er septembre au 4 octobre. Depuis 2015, le pape François invite toute l’Eglise catholique à se joindre à ce temps en communion avec les autres communautés chrétiennes. Le temps pour la Création est « une occasion de cultiver notre conversion écologique ».
Dans le sillon du pape, la conférence épiscopale belge renouvelle l’appel urgent de la conversion éco-spirituelle et invite les différentes communautés des diocèses à consacrer au moins une célébration au cours de ce mois permettant de placer l’année pastorale sous le signe de la conversion éco-spirituelle. Cette dynamique est soutenue tant en Flandre via Ecokerk que dans les diocèses francophones à travers leurs référents à l’écologie intégrale. Chaque diocèse a préparé et envoyé un document reprenant des pistes pour célébrer ce temps en paroisse et des pistes d’action.
Prendre part au Temps pour la Création par sa prière, en se mettant en marche dans sa communauté, c’est chercher la communion avec la Création. C’est faire face à l’urgence environnementale non seulement intellectuellement, mais aussi spirituellement et émotionnellement. C’est nous ouvrir à tout ce que le Seigneur nous a donné, nous a confié, et ainsi devenir davantage celui ou celle que nous sommes appelés à être. C’est une promesse de réalisme, une promesse de joie!


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