"Marie a choisi une petite fille que rien ne prédestinait à voir ces apparitions". Depuis quinze ans, l’abbé Léo Palm veille sur le sanctuaire de Banneux. Il retrace pour nous les temps de forts de son histoire.
"Mariette était considérée comme inculte et peu pieuse" nous conte le recteur. En effet, bien d’autres petites filles du village auraient été plus "éligibles" pour recevoir ces apparitions. Mais ceci prouve d’autant plus qu’il s’agit d’une "initiative tout à fait libre du Ciel" souligne l'abbé Palm.
➡ Tout savoir sur l'histoire des apparitions de la Vierge à Mariette Beco à Banneux
Ce qui fut bâti sur la parole d'une enfant
"C’était une famille vivant à l’écart, ce qui nous a plutôt arrangé après coup", poursuit-il en souriant. Rien n’était propriété de l’Eglise, la famille Beco a cédé le jardin, puis d’autres villageois ont vendu les bois avoisinants pour permettre au sanctuaire de s’agrandir. "Si Marie avait des vues sur l’avenir, elle a plutôt bien vu", réfléchit l’abbé Palm.
Pourtant, "cette situation a mis l’Eglise dans l’embarras les premiers temps, avec tous ces malades à accueillir". Dès l’été 1933, un baraquement provisoire avec huit chambrettes est installé entre la maison et la source. S’ensuivit la construction de la chapelle des apparitions à l’endroit même où la Vierge s’est manifestée à la petite Mariette (voir photo ci-dessous).
Pendant la seconde guerre mondiale, l’hospitalité - dont la construction venait d’être achevée en 1939 - a abrité des soldats Allemands mais aussi des enfants juifs. "En octobre 2021, l’un d’entre eux est revenu d’Israël avec ses enfants et petits-enfants pour leur montrer l’endroit où il avait été caché".
C'est donc bien avant la reconnaissance officielle survenue en 1949 que le sanctuaire de Banneux prend corps. A l'occasion du 25e anniversaire des apparitions, la grande esplanade sera aménagée.
Après la guerre, Banneux prend une dimension internationale
1946 marque la reprise des pèlerinages ; les malades reviennent en nombre à Banneux mais aussi beaucoup de fidèles du pays et des Flamands (puisque le Limbourg fait toujours partie du diocèse de Liège à cette époque).
C’est alors que le caractère international du sanctuaire va commencer à se développer. Grâce entre autres au chancelier Adenauer qui fait construire à Banneux, une réplique de la chapelle de Rohndorf où, pendant toute la durée de la guerre, il pria avec d’autres pour les prisonniers. "Il a bien capté le message de la Vierge des Pauvres" affirme l’abbé Palm. Jusque dans les années 1990, un tiers des pèlerins à Banneux sont allemands.
Ce qui va aussi contribuer à renforcer cette dimension internationale est l’installation d’un monument pour le peuple hongrois en 1956. Depuis, chaque année, ils reviennent en pèlerinage fin octobre en souvenir de la révolution réprimée dans le sang.
D’autres monuments sont venus s’ajouter et tout récemment c’est une Vierge sri-lankaise qui a pris ses quartiers le long d’une allée. Mais la star, c’est indéniablement la statue très réaliste de sainte Mère Térésa, a pu constater le recteur.
Quand le pape se rendait à Banneux
Et s’il est un moment fort à épingler dans l’histoire presque centenaire de Banneux, c’est sans nul doute la visite de Jean-Paul II en 1985, dont l'arrivée en hélicoptère a marqué les esprits. C'est pour cette occasion exceptionnelle que la grande église est construite où le souverain pontife a pu rencontrer les malades. 60 000 personnes avaient fait le déplacement pour l’évènement.
Dans cet élan, on entreprend aussi la construction de la nouvelle hospitalité plus moderne et on procède à la transformation de l’ancienne.
"Banneux parle à toutes les générations"
"Je ne suis pas du genre stratège. C’est la Vierge qui doit promouvoir Banneux". Pour autant, il n’est pas question, pour l'actuel recteur, d’adopter une attitude passéiste.
L’abbé Léo Palm et son prédécesseur partageaient le même sentiment : "Banneux va changer". Pas de place non plus donc pour la nostalgie. Mais le grand avantage est que "Banneux parle à toutes les générations".
Le grand défi, estime le recteur, c’est de veiller à la bonne collaboration entre la trentaine d’employés et les 200 bénévoles.
Ils sont venus de toutes les nations
Si Banneux est tributaire de l’évolution d’une vie chrétienne déclinante, le recteur observe que beaucoup de jeunes familles fréquentent le sanctuaire. Certaines personnes viennent même quotidiennement. Quand il croise et salue des pèlerins, l’abbé Palm demande toujours spontanément : « D’où venez-vous ? »
Ce qui a surtout changé, c’est la diminution du nombre de pèlerinages paroissiaux au profit des grands "pèlerinages des nations" comme les appelle le recteur. "Les gens cherchent de grands évènements", synonymes de retrouvailles, ils veulent se rassembler, et pour cela Banneux est bien situé, au carrefour de l’Europe.
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Vietnamiens, Polonais et Sri-Lankais constituent les plus gros contingents de pèlerins, certains viennent aussi d’Australie et des Etats-Unis. Mais s’il est un lieu où l’on ne peut se fier aux apparences, c’est bien Banneux ! Où plus de cinquante nations se côtoient.
A noter que Mgr Hollerich, cardinal archevêque du Luxembourg, met un point d’honneur a participé chaque année au pèlerinage des Luxembourgeois car c’est l'une des rares occasions qui lui soit donnée de rencontrer en un même lieu autant de ses compatriotes.
Sophie DELHALLE
Messages de la Vierge des Pauvres à Mariette Beco pendant l'hiver 1933
Poussez vos mains dans l’eau. Cette source est réservée pour moi. Bonsoir. Au revoir. (18 janvier)
Je suis la Vierge des Pauvres. Cette source est réservée pour toutes les Nations… pour les malades. Je prierai pour toi. Au revoir. (19 janvier)
Je désirerais une petite chapelle. (20 janvier)
Je viens soulager la souffrance. (11 février)
Croyez en moi… Je croirai en vous… Priez beaucoup. Au revoir. (15 février)