Voici comment commence le commentaire de cette semaine: "Cette page d’évangile nous présente plusieurs tableaux à méditer." Voyons-les ensemble:
Une préoccupation de Jésus: renvoyer la foule. Ainsi se termine le récit du pain abondant (Mt 14,22). Pour Jésus, pas question de remballer une multitude qui l’importunerait. Non! A la vue de la foule qui s’accroche à lui, il est remué jusque dans les entrailles (Mt 14,14). Et quand il la renvoie, il agit en ami. Il prend le temps de saluer ces personnes avec qui il a partagé le pain. Il ne les laisse pas partir sans un mot chaleureux qu’ils garderont enfoui dans le cœur et qui restera telle une boussole dans les moments difficiles. Ainsi agit-il après chaque rencontre. Ce souci peut nous inspirer dans le quotidien: ne laisser personne s’éloigner sans une parole d’espérance. Posons-nous aussi la question: quelle parole de Jésus m’aide à tenir debout, envers et contre tout?
Prier: une priorité de Jésus. Jésus prend ensuite distance, se retirant dans la montagne pour prier. Longuement, comme Elie dans sa caverne. Silence et solitude lui permettent de s’éveiller à la Présence divine et, dans le même mouvement, d’être présent à lui-même et à autrui. Grâce à ce temps de prière, Jésus peut dire en vérité: "Je suis" (traduction littérale de "c’est moi")? Expression par laquelle Dieu s’était révélé à Moïse (Ex 3,14), elle exprime à la fois une Plénitude de Vie et une Présence. Inspirons-nous de sa prière: comme lui, ouvrons-nous à la Présence divine, elle nous éveillera à sa présence en nous et en autrui.
Marcher sur la mer: une parabole de la vie de Jésus. N’est-ce pas dans ce cœur-à-cœur avec son Père que Jésus trouve la force d’affronter la vie avec ses tempêtes? Ce passage l’évoque à merveille. En raison du vent contraire, ses disciples rassemblés dans la barque sont complètement paniqués et 'rament'. Pour les rejoindre et les encourager, Jésus, lui, marche sur les eaux. Comment est-ce possible? Dans la Bible, les masses d’eau symbolisent les difficultés, les épreuves, le mal, les sentiments négatifs auxquels nous sommes confrontés et qui, parfois, nous font perdre pied et couler. Ainsi le Déluge (Gn 6-9). Marcher sur la mer signifie donc traverser ces épreuves sans sombrer.
La marche de Jésus sur la mer évoque à merveille son parcours: pour manifester envers et contre tout la présence et la tendresse du Père, Jésus affronte contestation, oppositions et finalement l’atrocité de sa passion et de sa mort en croix; il les traverse victorieux.
Pierre veut lui aussi marcher sur la mer pour rejoindre Jésus. Dans un premier temps, il y arrive. Mais, quand il ne voit plus Jésus, il perd pied et l’appelle au secours. Evocation du chemin de ce disciple: enthousiaste au début, il dort quand Jésus bouleversé prie à l’approche du supplice qui l’attend; puis il le renie… avant d’être repêché par lui et de recevoir la mission de conduire l’Eglise.
Quand panique (disciples) et doute (Pierre) nous assaillent, risquant de nous faire sombrer, regardons vers Jésus, appelons-le au secours: nous découvrirons aussi sa main tendue pour nous relever.
Brigitte RIGO