Une biographie illustrée lève un voile sur la vie de Jean Capart, savant belge passionné d’égyptologie. Richement documenté, l’ouvrage est à découvrir, que l’on soit féru ou non de cette spécialisation.

L’expertise belge en matière égyptienne n’est plus à démontrer. Le rôle capital joué par le Bruxellois Jean Capart n’y est pas étranger.
L’histoire de cet érudit est avant tout celle d’un bibliophile qui n’hésite pas à recopier un livre ligne par ligne, faute de moyens suffisants pour l’acquérir. Adolescent, en charge de la bibliothèque de sa classe, Jean Capart tente d’éponger ses dettes à la librairie du quartier en revendant les livres gagnés avec les prix d’excellence dans son collège.
Grâce à une éducation exceptionnellement ouverte à la culture, le jeune homme est initié très tôt au théâtre et à la musique, tandis que le musée de la Porte de Hal est son lieu d’excursion dominical. Dans cette famille bourgeoise, les repas sont l’occasion d’échanges, plutôt rares pour l’époque puisque les enfants y étaient admis à la table des adultes.

Collectionneur précoce, Jean Capart voit son histoire intimement liée à celle du Musée Art & Histoire, le fameux Cinquantenaire. En effet, il est chargé dès 1898 d’y organiser la collection d’antiquités égyptiennes. Jean-Michel Bruffaerts, l’auteur de cet ouvrage minutieusement documenté, retrace le parcours professionnel et privé du scientifique, dont la renommée a largement dépassé les frontières de notre royaume.
Soulignons encore le rôle déterminant d’un religieux dans la vocation de l’égyptologue. L’abbé Louis Carrière, son professeur d’histoire en première année d’humanités, était lui aussi passionné d’égyptologie… Une initiation qui fut assurément concluante !
L’appui crucial de la reine Elisabeth
Après sa visite à l’exposition consacrée à Champollion en novembre 1922, la reine Elisabeth décide de se rendre, une nouvelle fois, en terres égyptiennes. Son guide sera… Jean Capart. Ensemble, ils assisteront à l’ouverture officielle de la chambre funéraire de Toutankhamon en février 1923. De cet épisode et du soutien qu’il en recevra, Capart constate : « Il m’arriva quelque chose d’analogue à l’aventure de Cendrillon qui aurait tant voulu assister au bal du Roi où ses sœurs privilégiées avaient été conviées. J’avais, sans m’en douter, trouvé la fée-marraine qui devait me faire passer de Belgique en Egypte en quelques jours. » C’est ainsi que la Fondation Egyptologique Reine Elisabeth voit le jour et est installée au sein des Musées royaux du Cinquantenaire. Un musée où se tient actuellement une exposition temporaire consacrée aux expéditions en Egypte. Elle est à voir jusqu’au 1er octobre.
Angélique TASIAUX
Jean-Michel Bruffaerts, Jean Capart. Le chroniqueur de l’Egypte. Racine, 2022, 256 p.
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