La Vie, la Croix et Famille chrétienne ont mené l’enquête sur les agissements de certains hauts responsables des Missions étrangères de Paris (MEP). Après la publication de ces articles mardi 13 juin, l’un des évêques mis en cause a demandé à se « mettre en retrait » de son diocèse.
« Les accusations portées sont graves« , reconnaît Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France. Il ajoute: « La parole des plaignants doit être entendue ; les droits de la défense, respectés.«
Les faits révélés par les trois journaux concernent deux évêques: d’une part Mgr Georges Colomb, quand il était supérieur général des MEP jusqu’en 2016, et Mgr Gilles Reithinger qui a pris la succession à la tête des MEP de 2016 à 2021. En outre, d’après le récit publié dans la Croix notamment, deux autres prêtres liés aux MEP sont cités pour des faits de violences sexuelles.
L’évêque de la Rochelle se met en retrait
Dans le communiqué publié ce 13 juin, la conférence des évêques de France redit sa proximité avec les victimes de ce scandale. « Ma pensée et ma prière, écrit Mgr Eric de Moulins-Beaufort, vont vers toutes les personnes qui peuvent souffrir de ces situations, vers les diocésains de La Rochelle et de Strasbourg, vers les prêtres et volontaires des Missions Étrangères de Paris répartis dans le monde et leurs proches et amis. Que la vérité apaise les cœurs.«
👉 Pour rappel, les évêques de France se sont réunis à Lourdes en mars dernier sur ces questions.
Pour sa part, Mgr Georges Colomb se dit « stupéfait de ces allégations » pour « des faits prétendument datés de 2013 et qui feraient l’objet d’une enquête préliminaire du Parquet de Paris« . Il ajoute vouloir « répondre bien sûr aux autorités judiciaires dès qu’elles souhaiteront m’entendre« . Dans un communiqué du diocèse de la Rochelle, il est encore précisé: « Pour pouvoir préparer sa défense et préserver le diocèse de La Rochelle, Mgr Colomb a pris la décision de demander au Pape de le mettre en retrait le temps de l’enquête, tout en demeurant évêque de La Rochelle.«
« Plus jamais »

©CC-BY 2.0 Guilhem Vellut
Rappelons que les Missions Etrangères de Paris annonçaient au printemps une vaste enquête pour faire la lumière sur plusieurs cas présumés de violence sexuelle en son sein, et sur la gestion de ces affaires. Cette démarche s’inscrit dans le prolongement du travail entrepris par « l’Église en France [en matière] de transparence et de vérité« .
Les révélations des trois médias catholiques ont provoqué de nombreux commentaires scandalisés. « On n’en sortira donc jamais ?!« , s’indigne par exemple un internaute. Certains commentaires associent l’ensemble de l’institution aux faits qui sont reprochés aux deux anciens responsables des missions étrangères: « J’ai honte pour l’Eglise de France ! Dire que j’ai donné plusieurs fois aux MEP ! Ecœurant !«
Ce jeudi 15 juin, c’est au tour de la CORREF (La Conférence des religieux et religieuses de France) de s’exprimer: « Depuis le rapport de la CIASE, chacune et chacun de nous dit – avec conviction et intégrité – « plus jamais ». Et nous sommes là. Encore. Nos intelligences sont-elles si bornées ? Nos cœurs si lents à entendre et croire enfin la parole de qui vient se confier souvent en tremblant ? Notre courage si défaillant ? Je ne sais.«
(avec la Croix, la Vie et agences)