Pourquoi la CSC se mobilise-t-elle pour le cours de religion/morale dans l’officiel?


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Pourquoi la CSC se mobilise-t-elle pour le cours de religion/morale dans l’officiel?
Par Sophie Delhalle
Publié le
4 min

« La religion et la morale doivent rester dans la grille horaire ». C’est en tout cas la position défendue par la CSC, à travers la voix de Bernard Detimmerman, auteur de la pétition pour le maintien des cours confessionnels dans l’enseignement officiel.

La CSC parviendra-t-elle à réunir assez de signatures avant le 10 mai pour faire pression sur les parlementaires? (c) pexels - Alena Darmel

Le syndicat chrétien a toujours été très sensible au maintien d’une société pluraliste, nous affirme-t-on avec conviction. « A la CSC, notre devise est de n’exclure personne. Sinon on prend le risque du repli sur soi » clame Bernard Detimmerman, secrétaire permanent. Le projet de pétition a en réalité été décidé par une centaine de professeurs de religion affiliés au syndicat chrétien lors d'une réunion en novembre 2022.

Lire aussi: Maintien des cours de religion dans l’officiel: la mobilisation prend de l’ampleur

La CSC veut défendre les emplois des enseignants

La suppression des cours convictionnels aura indubitablement un impact sur les emplois. « L’introduction du cours de CPC a entrainé une réduction des heures de religion et il a donc fallu trouver des solutions pour sauver des emplois » rappelle Bernard Detimmerman qui revient sur les récents rebondissements du dossier.

« Nous n’avons pas vu cette fameuse note (NDLR: une note à l'attention de la ministre Caroline Désir qui a fuité dans la presse), seulement une présentation PPT du gouvernement qui défendait l’option d’un cours de religion hors grille horaire. La question est donc : comment engager des personnes à temps plein si on sort le cours de la grille horaire ?"

Lire aussi : Myriam Gesché : « Rendre les cours de religion optionnels dans l’enseignement officiel est contraire à la Constitution »

Pas de front commun

D'où le lancement d'une pétition pour le maintien des cours de religion et de morale dans le programme obligatoire. On aurait pu s'attendre à plus d'union syndicale autour de ce dossier. "Notre option, c’est la défense de l’emploi, c’est la seule possibilité pour former un front commun syndical. Mais les convictions des uns et des autres n’ont pas permis de rassembler les forces cette fois-ci" déplore Bernard Detimmerman.

Et ce, malgré la menace réelle qui pèse sur la minorité d’enseignants de religion dans l’officiel, souligne-t-il encore. « Notre rôle est de défendre cette minorité, même si par ailleurs nous sommes en conflit global avec le gouvernement depuis plus d’un an ».  Si les professeurs de religion et de morale ne représentent que 3% du corps enseignant, ils sont 2 à 3000 personnes directement concernées par les possibles futurs changements.

En raison des divergences de convictions, il n’a donc pas été possible de constituer un front commun autour de cette pétition. Les autres syndicats n’ont ainsi pas souhaité suivre l’initiative, et les auteurs de la pétition "Non à la suppression des cours de religion-morale dans les écoles" ont également préféré garder leur indépendance.

Le calendrier politique relance la mobilisation

"80% des parents choisissent d’inscrire leurs enfants aux cours convictionnels donc supprimer le cours de religion de l’officiel est un non-sens et ne respecte pas le choix de la majorité des parents" martèle Bernard Detimmerman.

Pas facile d’être le seul syndicat à défendre la cause, mais pour la CSC, la richesse de l’officiel réside justement dans cette pluralité des convictions. Mais cette pétition porte néanmoins une ambition rassembleuse.

Pourquoi maintenant se demandent peut-être certains ? Le combat ne date évidemment pas d’hier, mais le calendrier politique accélère la cadence. Le gouvernement a annoncé un avant-projet de décret pour mai 2023 visant à imposer deux heures d’EPC, avec pour conséquence de mettre le cours de religion hors course, explique le secrétaire permanent CSC. Et d'ajouter : « Nous n’avons pas le luxe d’attendre le projet de texte. » La volonté est clairement de mettre un frein au processus engagé. « Nous voulons un débat serein, pas dans la précipitation » qui aurait donc lieu lors de la prochaine législature.

Effacer les différences ne rapproche pas

Défendre le maintien du cours de religion, c’est éviter de faire le lit du radicalisme, estime Bernard Detimmerman. Supprimer ce cours, c’est aussi s’engager dans l’instauration d’une pensée unique. La CSC reste convaincue qu’effacer les différences ne rapproche pas. « Si les gens peuvent se retrouver dans leur identité personnelle et convictionnelle, alors ils pourront partager avec les autres. »

La pétition est donc le moyen de laisser le citoyen s’exprimer sur le maintien du cours de religion, c’est aussi une arme rapide pour interpeller les parlementaires. « Mais ce n’est pas la seule arme dont nous disposons. »

Si aujourd'hui elle affronte seule la tempête, la CSC compte néanmoins sur une large mobilisation. « Le public visé par cette pétition, ce sont nos affiliés, mais nous les invitons à sensibiliser notamment les chefs de culte. » Etudiants, parents, enseignants, tous sont appelés à rejoindre le mouvement.

Sophie DELHALLE

« Si les gens peuvent se retrouver dans leur identité personnelle et convictionnelle, alors ils pourront partager avec les autres. » Bernard Detimmerman, secrétaire permanent CSC (c) pexels - Yan Krukau

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