Dans l’évangile de ce dimanche (Mt 5, 20-22a.27-28.33-34a.37), Jésus dit: « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux… » Et le frère Philippe Henne nous dit ce qui suit:
A quoi bon être chrétien? C’est se compliquer la vie: il faut aller à la messe tous les dimanches, et on ne peut pas faire ce qu’on veut. Il est interdit d’aimer qui on veut, comme on veut. Bref, il est interdit de profiter de la vie. D’ailleurs, quand l’Eglise parle, c’est toujours pour condamner: la pilule, l’avortement, les sorties, les fêtes.
Voilà ce qu’on entend souvent autour de soi. La religion apparaît comme un carcan, un corset qui étouffe la créativité et la vie. Et ce n’est pas l’évangile d’aujourd’hui qui va apporter un peu d’air frais. Au contraire, Jésus alourdit et renforce les lois déjà existantes. Il a l’air intransigeant, vraiment pas commode.
Et pourtant, c’est lui qui a accueilli Zachée, le percepteur d’impôts pas très honnête. C’est lui aussi qui n’a pas jeté de pierre sur la pécheresse publique. Comment peut-on donc concilier ces deux aspects diamétralement opposés: d’un côté la rigueur extrême et de l’autre, l’accueil absolu.
C’est parce qu’il ne faut pas confondre la feuille avec la racine, le but avec la conséquence. Un arbre produit de bons fruits quand il plonge ses racines dans un sol fertile et qu’il peut ainsi recevoir de bons éléments de la terre nourricière pour en faire une sève féconde. C’est en plongeant profondément dans l’amour de Dieu que l’on peut devenir comme le Christ, généreux et désintéressé
Regardez l’eucharistie: c’est Jésus, le Fils de Dieu, qui se donne tout entier à chacun d’entre nous. Il nous donne ainsi un exemple à suivre: renoncer à ses privilèges et à sa position dominante pour rencontrer les personnes isolées ou maltraitées, ou même les personnes avec lesquelles nous sommes en conflit. Jésus n’était pas resté dans le cercle fermé de sa famille. Il est allé chez les pécheurs et les parias pour leur rendre la dignité d’hommes et de femmes dignes d’être aimés et d’être respectés.
Jésus n’est pas seulement un modèle à suivre. Il est aussi un maître à écouter. Il nous a dit qu’il n’était pas tout seul, mais qu’il était porté par l’amour de son Père et par la grâce de l’Esprit. C’est grâce à cela qu’il est allé jusqu’au bout, jusqu’à mourir sur la croix pour chacun d’entre nous.
Et c’est comme cela qu’on peut comprendre que Jésus puisse dire qu’il est venu non pas abolir, mais accomplir la Loi. C’est parce que, pour lui, la Loi, ce n’est pas un mur qui enferme les hommes, mais c’est un tuteur qui nous aide et nous soutient, qui nous pousse à nous dresser et aller toujours plus haut, vers le ciel. C’est parce que le Christ se savait soutenu par son Père qu’il est allé jusqu’au mont Golgotha et que maintenant, encore, il veille sur chacun d’entre nous. Et c’est parce que nous sommes nourris par son eucharistie que nous pouvons nous aider et soutenir les autres dans leur marche vers notre Père et le Père de Jésus le Christ.
Frère Philippe HENNE, op