La Conférence épiscopale de Centrafrique (CECA) s’est déclarée «préoccupée» par un risque de «profonde crise» socio-politique et économique, ainsi que la dégradation de la situation sécuritaire.
La Conférence, qui regroupe les neuf évêques de la République centrafricaine (RCA), tenait sa première assemblée plénière de l’année 2023 à Bangui, la capitale, du 4 au 16 janvier 2023. La session avait pour thème: «Communion et participation pour la construction de notre pays et de notre Église». Dans sa déclaration finale, la Conférence a averti que de «vives tensions socio-politiques sont aujourd’hui très perceptibles».
Ce clair-obscur polarise la classe politique, l’opinion publique, la diaspora centrafricaine, la société civile et les forces vives de la nation. La cause principale en est un projet de révision constitutionnelle qui permettrait au président Faustin-Archange Touadéra de pouvoir briguer un troisième mandat de quatre ans, alors que la Constitution le limite à deux ans.
Inflation record
Les évêques ont souligné en outre que la Centrafrique était confrontée aux conséquences néfastes de la crise internationale, qui a contribué à la détérioration du tissu social et économique, déjà fragilisé par les nombreuses et récurrentes crises militaro–politiques. Ils ont relevé la pénurie de carburant et la flambée des prix des denrées alimentaires et des produits de première nécessité.
Sur le plan de la sécurité, les dignitaires catholiques ont dénoncé «les assassinats odieux» des voyageurs, le largage de projectiles sur des sites et poudrière militaires dans le but de faire un maximum de victimes et de dégâts, ainsi que la «prise en otages crapuleuse» des agents de l’Etat et des travailleurs humanitaires. Cette recrudescence des exactions des groupes armés plonge la population dans «un cycle continu» de violences et de nuisances.
Le fléau des milices
Un rapport du Haut-commissariat des Nations unies pour les droits de l’Homme confirme que la situation sécuritaire est «précaire» en RCA. Le nord du pays, notamment, échappe au contrôle des autorités centrales, de sorte que le nombre d’armes légères en circulation a augmenté. Le manque d’activités rémunératrices a encouragé le banditisme. Environ un million de personnes résidant dans cette région vivent dans la peur constante des combats entre les nombreux groupes armés, parmi lesquels figurent des troupes gouvernementales, des rebelles et des bandes criminelles. Quelque 200.000 habitants ont été contraints de fuir leurs foyers pour trouver refuge dans d’autres régions du pays. La présence de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de l’Ouganda, qui sévit à l’est du pays, continue aussi de menacer gravement la sécurité.
Depuis 2013, la RCA est secouée par un conflit intercommunautaire, marqué par des affrontements entre factions armées rivales. Notamment les Balakas, milices composées majoritairement de musulmans, et les Anti-balakas, formées essentiellement de chrétiens.
(cath.ch/ibc/ag/rz)
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