A Charleroi, le centenaire des éditions Dupuis permet de retrouver les héros de papier qui ont accompagné l’enfance de nombreux lecteurs. Une exposition temporaire dans le musée des Beaux-Arts nouvellement installé met aussi en lumière l’action d’un entrepreneur catholique.

© collection Jacqueline Bus-Dupuis
Gaston Lagaffe, Boule et Bill, Les Tuniques Bleues, Natacha, Yoko Tsuno, Jérôme K. Jérôme Bloche, Largo Winch, Kid Paddle… En a-t-elle vu défiler des succès, la maison d’éditions Dupuis ! Au départ de celle-ci, il y a un homme clairvoyant : Jean Dupuis. C’est à l’âge de 21 ans que l’ouvrier typographe acquiert sa première presse à pédales. Deux ans plus tard, il édite et imprime son premier livre : L’Histoire de saint Hubert. Car l’homme originaire de Marcinelle est un visionnaire, doublé d’un croyant. « Parmi ses nouveaux clients, le chanoine Parot lui confie la réalisation non seulement du bulletin paroissial, mais celle du périodique ‘Le Roman’, recueil de saines et édifiantes lectures destinées au public populaire », précise le livre publié à l’occasion de l’exposition La fabrique de héros. Et José-Louis Bocquet et Serge Honorez de compléter : « L’expérience est éphémère, le chanoine n’est pas un capitaine de presse, mais l’idée fait son chemin dans l’esprit de l’imprimeur. Il en tire un enseignement : une bonne idée n’est pas suffisante si elle n’est pas accompagnée de publicité. C’est une réflexion d’éditeur, plus seulement d’imprimeur. Fervent catholique, Jean y voit aussi la possibilité de mettre sa pratique professionnelle au service d’un véritable combat moral que lui dicte sa foi militante. » Et c’est ainsi qu’en 1922, Jean Dupuis lance l’hebdomadaire Les Bonnes Soirées, à l’attention du public féminin. Le chanoine Parot en est alors le directeur « de publication et de conscience ». Par l’entremise de son patriarche Jean, la famille Dupuis se choisit Don Bosco comme saint patron. Après avoir été publiée en feuilleton dans le journal Spirou, la bande dessinée biographique du saint piémontais marque, en 1943, le premier succès d’ampleur d’une aventure éditoriale, soucieuse de privilégier les modèles vertueux. Et durant 30 ans (de 1947 à 1977), la famille Dupuis verse 2% de ses bénéfices aux œuvres salésiennes.

© CathoBel
Un nouveau décor
Visiter l’exposition consacrée aux 100 ans de 9e art au Pays noir, c’est aussi l’occasion de découvrir le musée des Beaux-Arts après son déménagement. Depuis le mois de décembre, celui-ci se trouve installé dans les anciennes écuries Defeld, lieu d’un ancien corps de cavalerie de la gendarmerie.
Une sélection drastique d’œuvres y attend le visiteur, selon une thématique clairement annoncée : portrait, paysage, Magritte… Un regret (de taille) : les indications relatives aux pièces exposées se trouvent groupées sur un panneau par salle. La volonté de susciter l’émotion artistique est compréhensible, mais l’intérêt de se documenter aisément l’est tout autant !
Angélique TASIAUX
Infos : Dupuis: la fabrique de héros. 100 ans de 9e art au Pays noir est à voir jusqu’au 30 juillet, au musée des Beaux-Arts, boulevard Mayence 67 à 6000 Charleroi.