Opinion – Apprenons-leur que faire l’amour n’est pas qu’un passe-temps


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Opinion – Apprenons-leur que faire l’amour n’est pas qu’un passe-temps
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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Le projet de guide EVRAS suscite bien des réactions parmi nos lecteurs. Frédéric Close, magistrat émérite et contributeur régulier de cette page, est père de six-enfants et grand-père de douze petits-enfants. Il est inquiet devant l’exemple que propose la société en matière d’amour, de sexualité et de famille.

© Adobe Stock

Nous avons tous pour devoir sacré de passer un jour le relais, de faire profiter ceux qui nous survivront de ce qui nous a portés. Il s’agit de léguer quelques biens de valeur éphémère, mais surtout une expérience (plutôt qu’un savoir) et une sagesse pour vivre ensemble (plutôt que des recettes pour gagner le succès). A cet égard, l’éducation scolaire à la vie sexuelle et affective mérite une particulière attention. Elle consiste, en effet, à communiquer à notre descendance "l’art de transmettre" tant la vie que l’amour.

Faire prévaloir ses idéaux

Le journal Dimanche du 18 décembre 2022 relate opportunément les appréhensions que suscite le récent guide pour "l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle". (…) Nul ne le conteste: l’enfance et l’adolescence sont des étapes marquantes de l’existence qui méritent une particulière protection. L’homme ou la femme en devenir est partagé entre ce qu’il (ou elle) quitte et le monde des adultes. Celui-ci n’est alors entrevu qu’avec envie, impatience et inquiétude. Tout faux pas ou mauvais pli peut avoir des conséquences tragiques. Plutôt que de considérer les relations affectives et sexuelles sous leurs aspects médicaux, psychologiques et sociologiques, mieux vaudrait les élever au niveau de la réflexion. L’enseignement catholique se doit de faire prévaloir ses idéaux, de leur donner la hauteur nécessaire et ainsi se démarquer, au besoin, des conceptions et modes en vigueur dans les autres réseaux.

Au début de l'aventure de la vie...

Un moyen incomparable d’aimer

Si l’amour physique se découvre au moment des premiers émois sentimentaux, le véritable appel du sexe n’apparaît souvent que plus tard. Au début, l’aventure balbutie; elle commence dans la tendresse; son apprentissage peut être difficile, voire tumultueux. Voici deux êtres à la fois semblables et différents qui se rencontrent, non pour s’affronter, mais pour échanger! Après avoir entrecroisé leurs doigts, confondu leurs projets, mélangé leurs sentiments et leurs attentes, ils en viendront enfin à plus d’intimité physique mais aussi spirituelle. Du respect à la confiance, ils en arriveront peut-être – mais pas nécessairement – à l’amour qui unit, donne et pardonne. Malgré l’évolution asymptotique des mœurs et quelques contre-exemples, il ne faut donc jamais craindre d’expliquer que le rapport sexuel n’est qu’un moyen incomparable d’aimer, qu’il n’est pas le seul et n’est certainement pas une fin en soi.
Alors, on ne peut qu’être consterné de ce qui est déjà enseigné dans nos collèges et instituts. Voici qui fait redouter le pire pour demain.

La relation amoureuse s’examine, en effet, au présent, sans perspective d’avenir; elle concerne l’individu davantage que le couple. Garçons et filles de quatorze ans apprennent, au cours de biologie, qu’ils peuvent déjà faire l’amour et qu’il serait anormal de ne pas le faire avant vingt ans; l’homosexualité ou l’hétérosexualité leur sont présentées comme indifférentes, suscitant toutefois des excitations particulières… qui leur sont inutilement décrites; des pratiques érotiques comme la fellation seraient généralement considérées comme des préliminaires normaux… Tout est dit du "comment"; presque rien n’est dit des acteurs et moins encore du véritable "pourquoi".

La sexualité comme marchandise?

Parents et grands-parents en restent ahuris et, à vrai dire, révoltés. Tout ceci dépasse certainement le cadre de la simple initiation sexuelle et des recommandations prophylactiques souhaitables! La sexualité se démontrerait-elle comme un théorème et se mesurerait-elle comme une marchandise, alors qu’elle reste un mystère qui, comme tel, ne se laisse approcher que lentement? Toute cette sexologie vulgarisée désole d’autant plus que, dans notre société permissive, elle risque de conduire tôt ou tard à l’éclatement des familles, à l’abandon des responsabilités parentales et à la désespérance des jeunes. (…)

Contre les excès de l’individualisme

Nous ne saurons jamais comment chaque petit collégien ou collégienne réagit individuellement à de telles initiations sexuelles ou leçons de français. La majorité d’entre eux n’osent sans doute pas confier leur désarroi à leurs parents et se tourmentent sans raison, en imaginant ceux-ci se livrer peut-être aux dépravations dont ils ont été prématurément informés. Au lieu de banaliser certains gestes et perversions, ne serait-il pas préférable d’apprendre à notre jeunesse que faire l’amour n’est pas qu’un passe-temps spécialement agréable mais un acte lourd de sens et de conséquences…

De même que les teenagers ont décillé nos yeux d’adulte face à la catastrophe écologique, ne nous appartient-il pas de les mettre en garde contre les excès de l’individualisme, du chacun pour soi et de la recherche effrénée du plaisir? Et, pour commencer, ne devrions-nous pas battre notre coulpe pour avoir succombé aux charmes de la libération sexuelle et de la surconsommation, soit autant de pièges qui nous ont amenés aux délices de Capoue contemporains?

Titre original du texte: Transmettre

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