Au nom de leurs convictions et de leur foi, des croyants et des personnalités religieuses de différentes confessions - dont Mgr Marc Stenger - ont manifesté pour la justice climatique. Elles ont dénoncé le projet d'Oléoduc de Pétrole Brut d'Afrique de l'Est (EACOP) et du nouveau champ pétrolier Tilenga - tous deux portés majoritairement par la multinationale française TotalEnergies. Ils ont aussi interpellé le groupe français Crédit Agricole, principal financeur et premier actionnaire de TotalEnergies.
Une désobéissance civile assumée
C'est la première fois, en France, que des personnalités religieuses de premier plan assument publiquement leur opposition aux projets pétroliers EACOP et Tilenga de TotalEnergies, et manifestent dans le cadre d'une action illégale non-violente. Parmi la cinquantaine de croyants réunis ce mardi 29 novembre, 6 personnalités appartenant aux traditions bouddhiste, chrétiennes, juive et musulmane se sont retrouvées. Parmi elles, Monseigneur Marc Stenger, évêque émérite, ancien évêque de Troyes, aux côtés de la pasteure Caroline Ingrand-Hoffet, surnommée la “pasteure des ZADistes”.
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Ensemble, ils ont d'abord participé à une cérémonie interconfessionnelle de dénonciation collective, avec Yeshaya Dalsace, rabbin de la communauté Massorti Dor Vador (Paris), Anouar Kbibech, ancien président du Conseil français du Culte musulman et actuel président du Rassemblement des musulmans de France, Olivier Reigen Wang-Genh, maître bouddhiste zen, ancien président et co-président del’Union bouddhiste de France et Kankyo Tannier, nonne bouddhiste zen, conférencière internationale et autrice.
Les six personnalités religieuses ont chacune exprimé en quoi les projets de TotalEnergies vont à l’encontre des valeurs portées par leur religion. Au-dessus du cercueil, elles ont tenu des objets symbolisant les richesses que TotalEnergies met en péril : un globe terrestre (représentant notre terre en sang), de l’eau souillée, des photos d’animaux menacés et les témoignages d’Ougandais et de Tanzaniens expropriées. Elles ont prié pour que leur “parole soit le bras qui retienne TotalEnergies, qui menace de mettre tout cela sous terre”.
Des représentants d’organisations de la société civile ont aussi pris la parole : Mathilde Manteaux, chargée de mission juridique pour Les Amis de la Terre ; Soraya Fetih, chargée de campagne pour 350.org ; Raphaël Cros, chargé de campagne pour Reclaim Finance ; Laura Morosini, directrice Europe du mouvement Laudato Si’.
Interpellation publique de Total et du Crédit Agricole
La manifestation s'est poursuivie par une procession avec le cercueil jusqu'à une station essence de TotalEnergies. Les participants ont demandé l'abandon immédiat des projets pétroliers mortifères en Ouganda et en Tanzanie. Ils ont aussi interpellé le groupe Crédit Agricole. Ils lui demandent de s'exprimer publiquement pour l’abandon des projets pétroliers EACOP et Tilenga. Ils réclament que sa filiale Amundi use de son pouvoir, en tant que premier actionnaire de TotalEnergies, pour pousser la multinationale à réorienter sa stratégie climat hors des énergies fossiles.
Des croyants qui refusent l'injustice climatique
Cette manifestation est à l'initiative de l’ONG interreligieuse GreenFaith et a été organisée en partenariat avec Extinction Rebellion Spiritualités (XR Spi), groupe interconvictionnel d’Extinction Rebellion. Ces modes d'action veulent souligner l'urgence et appeler à un sursaut des consciences pour la justice et le vivant.
Pour les participants et organisateurs des actions du 29 novembre, "TotalEnergies s'attaque avec ces projets à la justice climatique, aux droits humains et à la biodiversité. Ainsi, l'émission de 379 millions de tonnes d'équivalent CO2 va aggraver le bouleversement climatique alors que l'Ouganda et la Tanzanie sont déjà parmi les plus affectés". Par ailleurs, "ces projets vont exproprier plus de 100 000 personnes en Ouganda et en Tanzanie tandis que les compensations sont tardives, insuffisantes et inadéquates", estiment-ils. Ils relèvent aussi que l'opposition locale est réprimée et que les atteintes à la biodiversité toucheraient de nombreux écosystèmes aussi riches que fragiles et des espèces déjà menacées.
Pour Greenfaith, TotalEnergies contrevient aux données scientifiques du GIEC et aux études de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE), pour qui zéro exploitation d'énergies fossiles ne doit voir le jour après 2021.
NG avec communiqué