Deux couples de milieux sociaux très différents se retrouvent unis par la future naissance d’un enfant. Le sixième enfant est un drame social aux allures de thriller.

L’arrivée d’un bébé est un moment de joie qui illumine une famille. Il arrive qu’elle s’accompagne d’un peu de stress, en particulier quand il s’agit du premier enfant. Dans certains cas, cette angoisse naturelle est amplifiée par une autre, sur laquelle les parents ont peu de prise. Un enfant, c’est une source de bonheur, mais c’est aussi une bouche à nourrir… Le sixième enfant de Léopold Legrand aborde cette problématique sous un jour singulier. Il mêle en effet thriller et drame social en nous racontant l’histoire de deux couples.
D’un côté, il y a Franck, un ferrailleur, et Meriem. Ils vivent avec leurs cinq enfants dans une caravane, parmi une communauté de « gens du voyage ». Le travail précaire de Franck leur permet à peine de subvenir aux besoins de la famille. D’autant plus qu’il vient de purger une peine de prison et qu’il doit se réinsérer dans la vie active. C’est comme ça qu’il fait la connaissance de Julien, avocat, qui essaie, quant à lui, d’avoir un enfant avec sa compagne, Anna. Malheureusement, leurs tentatives se soldent systématiquement par un échec. Hasard du destin, Franck et Meriem apprennent à ce moment-là qu’ils vont avoir un sixième enfant. Une solution, impensable, se dessine alors sous les yeux des deux couples.
Désir d’enfant et précarité
Ces milieux sociaux très éloignés vont donc se rapprocher et construire, ensemble, un plan défiant la légalité. Adapté du roman Pleurer des rivières d’Alain Jaspard, Le sixième enfant traite donc du désir d’enfant et de la précarité. A travers ces personnages, il construit un récit extrêmement émouvant, qui maintient en haleine. Les hésitations liées aux considérations morales, à la peur d’enfreindre la loi constituent en effet un moteur digne d’un thriller. On retiendra cependant le soin accordé à la construction psychologique des personnages. Le dilemme auquel ils font face et ce qu’il apporte de conflits et dissensions au sein des deux couples est parfaitement rendu grâce à ce travail.
Les deux femmes prennent ainsi toute la lumière. La relation qui se noue entre elles, à la fois complexe et pure permet de parler de la maternité avec sensibilité. Meriem comprend l’angoisse d’Anna, sa douleur de ne pas pouvoir donner la vie. Anna, quant à elle, saisit la peine de Meriem qui se résigne à abandonner son enfant pour des raisons d’argent. La précarité dans laquelle vivent les gens du voyage est traitée ici sans misérabilisme. Le réalisateur a rendu visite à des communautés roms lors de l’écriture du scénario. Il est allé, en compagnie de l’Association des Gens du Voyage de l’Essonne, sur différents terrains familiaux et aires d’accueil. Ces recherches et rencontres lui ont permis de montrer avec justesse la réalité de leur condition.
Le sixième enfant est donc un drame social au rythme soutenu. Il ne cherche pas à diaboliser ni à ériger en héros ses personnages. Meriem, Anna, Franck et Julien sont des humains qui tentent de vivre leur vie le mieux possible, dans le respect de leurs valeurs et la limite de leurs moyens.
Elise LENAERTS

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