Une petite histoire, deux petites histoires, trois petites histoires... Voilà ce que nous révèle l'évangile de ce dimanche par Luc et pour lequel Marie-Thérèse Hautier nous partage son commentaire:
Une, deux et trois petites histoires pour se déplacer et penser autrement en finale: voilà ce que propose le chapitre 15 de Luc, comme un essentiel qui pourrait réorienter les auditeurs, les pharisiens et scribes qui récriminent contre Jésus. Et aussi un cœur d’évangile, qui vient toucher qui se sent perdu, loin.
Face à ses opposants, Jésus n’utilise pas d’affirmation péremptoire, il raconte des histoires. Face à la critique "il fait bon accueil aux pécheurs", il ne se justifie pas, il ne discute pas. C’est un peu comme s’il prenait ses auditeurs par la main pour les conduire ailleurs, hors du champ de la polémique pour celui de la remise en question personnelle. Une histoire ne laisse pas indifférent, on y entre (ou pas), on s’identifie aux personnages (ou pas). Voilà que l’évangile m’interroge déjà: où vais-je me situer dans ces récits? A qui vais-je m’identifier?
Il y a comme une progression dans ces trois histoires. Par exemple, du côté des chiffres, de 100 à 10 puis à 2. Comme si au fur et à mesure le "manquant" prenait proportionnellement plus d’importance. Il y a aussi un fil rouge qui relie tout: dans chacune des trois histoires, il y a perte et retrouvailles. Une brebis, une pièce, un fils étaient perdus et les voilà retrouvés. L’absence est douloureuse, elle suscite chez le berger une recherche hors normes, chez la femme une quête soigneuse, et auprès du père une attente silencieuse.
Le retour suscite une grande joie qui ne reste pas limitée aux seuls intéressés. Ce bonheur des retrouvailles, chacun des protagonistes ressent le besoin de le partager. Le berger et la femme rassemblent amis et voisins et les invitent à se réjouir avec eux. Le père décrète une fête somptueuse, avec musique et danses pour festoyer. Le "manquant" n’est plus esseulé, il retrouve d’autres. Etre retrouvé signifie être rétabli dans la relation avec les autres.
Pour les deux premières histoires, une même conclusion: la joie ne se limite pas à la terre, mais gagne le ciel pour un pécheur qui se convertit. Curieusement, alors qu’on s’attendrait à la même formulation en finale du fils prodigue, elle n’est pas présente. Peut-être est-ce que - de même que chacun.e s’identifie à un des personnages - chacun.e est amené.e à en imaginer la finale.
La troisième histoire introduit un autre mouvement. Jusqu’à présent, c’était le berger ou la femme qui se mettait en mouvement pour retrouver ce qui était perdu. A présent, le mouvement s’inverse: c’est le fils cadet, qui pour de bonnes ou mauvaises raisons, décide de se mettre en route et de revenir. C’est une autre dynamique qui se vit.
Puissions-nous voir comment nous nous situons face à un Dieu qui nous cherche, où que nous soyons. Notre désir est-il d’être source de joie pour Lui, de le rejoindre dans sa quête pour nous retrouver? Ou encore de partager sa joie et de se réjouir avec Lui pour le retour de celui ou celle qui était perdu.e?
Marie-Thérèse HAUTIER