Le saviez-vous ? Un musée est consacré aux activités liées à l’entretien du linge. Envers du décor d’une ville dédiée aux plaisirs des curistes, le musée de la lessive rend hommage aux anciens. Il interroge aussi la manière contemporaine de consommer l’eau.

C’est dans un bâtiment scolaire préfabriqué au style tristounet que le musée de la lessive a établi ses quartiers. Une fois la porte en aluminium franchie, une foule d’objets anciens apparaît, mêlant réminiscences d’un passé collectif et évocations plus personnelles. Qui ne se souvient pas des tonneaux arrondis de poudre à lessiver, des briques de savon de la marque « Sunlight » ou des publicités télévisées d’OMO avec sa langue imaginaire et ses expressions dérivées : « Toutirikiki, maousse costo »? Une dimension sociologique liée à l’entretien du linge n’est pas absente, comme en attestent de nombreuses photos mettant en avant le travail des femmes. Car si la ville de Spa connut les splendeurs de la cour et le passage de familles fortunées venues en cure thermale, la population locale profita des retombées économiques directes, avec notamment le métier des lavandières et autres femmes actives dans l’entretien du linge. La qualité de leur travail était reconnue au point que certains curistes n’hésitaient pas à envoyer leur linge à Spa, une fois rentrés chez eux.
En hommage aux lavandières
L’origine de ce musée inédit remonte à une trentaine d’années, lors d’une fête de quartier. Les habitants du Vieux-Spa y avaient été invités à choisir un objet emblématique de leur histoire. Pour beaucoup, ce fut un souvenir lié… aux lessives ! C’est dire l’importance de cette activité parmi la population locale. De fil en aiguille, un musée est né pour rendre hommage aux lavandières et autres blanchisseuses. Dans ce lieu géré par des bénévoles, une recontextualisation historique accompagne le visiteur, avec l’évocation de scènes d’autrefois, complétées par des panneaux explicatifs. L’évolution des normes d’hygiène ou des techniques y est soulignée. Ainsi, il y a quatre mille ans, ce sont les hommes qui effectuaient les lessives sur les bords du Nil, infesté de crocodiles. A Pompéi, le nettoyage d’une tunique représentait le coût de deux journées de nourriture. Au Moyen Age, comme le rappelle Pol Jehin dans le livret explicatif, « la grande buée » occupait les femmes durant une semaine. Lessive à la cendre de bois ou savon à base de feuilles de lierre, différentes manières de rendre plus propre ont été utilisées, en recourant notamment à des plantes. Des recettes invitent d’ailleurs les visiteurs à s’en souvenir pour leur usage !
Au musée, des animations sont régulièrement assurées dans un cadre scolaire ou associatif; elles permettent aux enfants d’expérimenter eux-mêmes les gestes d’antan et de mesurer l’importance d’économiser l’eau. Le musée propose, en effet, des espaces spécialement dédiés aux plus jeunes, avec des mises en situation pour laver ou repasser le linge.
Afin de compléter les collections du musée spadois, tous les dons d’objets sont les bienvenus. Abandonnées dans un tiroir, quelques pinces à linge sont, par exemple, sans valeur. Alors que regroupées, des pinces à linge, les pièces d’un trousseau ou des mannes en osier composent un bel ensemble. Alors, avis aux amateurs et place au rangement !
Angélique TASIAUX
Infos : musée de la Lessive, rue Hanster 10 à 4900 Spa, ouverture de mars à octobre, tous les samedis et dimanches de 14h à 18h, ainsi que durant les congés scolaires (hors vacances de Noël).