Que retenir du voyage du pape François au Canada ?


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Que retenir du voyage du pape François au Canada ?
Par Anne-Françoise de Beaudrap
Publié le - Modifié le
4 min

Du 24 au 29 juillet, François a fait étape en plusieurs lieux marquants de l'histoire du Canada. Par ces trois mots, "je demande pardon", le pape a ouvert un chemin de guérison et de réconciliation que beaucoup attendaient.

Le son du tambour marque l'arrivée à Maskwacis (c) capture d'écran KTO

La visite apostolique du pape François au Canada n'aura laissé personne indifférent. Des médias généralistes ont ainsi salué un "signe de repentance" de la part du chef de l'Église catholique vis-à-vis des populations autochtones du Canada - même si d'autres journaux ont préféré titrer sur l'inquiétude au sujet de l'état de santé du Saint-Père qui se déplace en fauteuil roulant.

Après six jours de déplacements, de prises de parole et de gestes qui ont résonné fort sur le plan symbolique, le pape s'apprête à retrouver Rome. Son voyage s’est assurément inscrit dans un long chemin de guérison et de réconciliation.

Le cœur bat, la nature vibre

Pour ceux qui auront suivi ce voyage du pape François, le son des tambours joués par des ressortissants de la Première Nation Alexis restera en mémoire. Ces tambours, entendus à plusieurs reprises lors des événements de ce voyage, représentent les battements des cœurs de la vie et la nature. Ils ont accompagné, par exemple, le déplacement du pape au lac Saint Anne, le mardi 26 juillet. François est venu se recueillir au bord d'une eau actuellement touchée par une vague de pollution aux algues à cause de la chaleur. Un déplacement que font habituellement de nombreuses familles, "mais avec la Covid, cela fait trois ans qu’il n’y a pas eu de pèlerinage".

👉 Retour sur ce moment-fort du 26 juillet: Les autochtones sont 'précieux' pour l'Eglise

Des excuses attendues depuis longtemps

Dès l'arrivée sur le sol canadien, le pape François a eu des mots forts, attendus par les Premières nations. Depuis le cimetière de l’ancien pensionnat de Maskwacis (Alberta), lieu symbolique marqué par les souffrances du passé, le Saint Père a reconnu: "L’endroit où nous sommes maintenant fait résonner en moi un cri de douleur". A trois reprises, le pape a répété: "Je demande pardon…" en reconnaissant les responsabilités au différents niveaux de l'Eglise.

👉Relire le compte-rendu complet: Les excuses ne sont pas un point final

"J’ai été touchée par ses excuses. Je les attendais depuis longtemps", a confié une native de la communauté des Cris au journal La Croix. George Arcand Jr, grand chef de la confédération des Premières Nations, va un pas plus loin: "Après avoir entendu les mots du pape aujourd’hui, je pense que nous avons fait un pas supplémentaire, ensemble". Selon ses propos relayés dans La Croix, "Beaucoup de travail doit encore être fait. Le système qui existe dans l’Église doit être désappris, (de même que) leurs manières de se sentir supérieurs à nos peuples."

Le pape écoute la musique des Premières Nations, à son arrivée au Canada (c) Capture d'écran KTO

Au quatrième jour de son voyage apostolique au Canada, le pape était accueilli par les autorités locales et nationales du pays. Il a d'abord rencontré à la Citadelle de Québec la gouverneure générale, Mary Simon, première autochtone à accéder à ce poste, laquelle a évoqué la douleur des "parents qui ont défendu leurs enfants lorsque personne ne le faisait".

👉 Une rencontre à revivre grâce à Vatican News

Saluant le Pape à son tour, le Premier ministre Justin Trudeau a souligné que ses paroles avaient eu un "énorme impact" auprès des communautés autochtones. "Nous reconnaissons tous que le système des pensionnats a tenté d’assimiler les enfants autochtones" a aussi déclaré le Premier ministre canadien, admettant la responsabilité des politiques du passé. En lui répondant, François a qualifié de "déplorable" ce système "promu par les autorités gouvernementales de l’époque", qui a "détruit de nombreuses familles autochtones, en compromettant leur langue, leur culture et leur vision du monde".

Quand François condamne la "cancel culture"

Devant Justin Trudeau, le pape François a particulièrement dénoncé la "cancel culture" qui "uniformise, rend tout égal, ne tolère pas de différences et ne se concentre que sur le moment présent, sur les besoins et les droits des individus, en négligeant souvent les devoirs envers les plus faibles et les plus fragiles : les pauvres, les migrants, les personnes âgées, les malades, les enfants à naître"; des catégories "jetées comme des feuilles sèches à brûler".

De nombreuses rencontres privées ont émaillé le programme de François pendant ces quelques jours au Canada. Encore ce vendredi, le pape a reçu le premier ministre du Québec François Legault en audience privée. Celui-ci prévoit, selon plusieurs médias canadiens, de réclamer au Saint-Père d’ouvrir l’accès aux archives du Vatican et des communautés religieuses, une demande exprimée à plusieurs reprises par les communautés autochtones.

AF de Beaudrap (avec La Croix, Vatican News et agences)


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