Grand entretien – Patrick Renault : “Le Vatican est un acteur de premier plan”


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Grand entretien – Patrick Renault : “Le Vatican est un acteur de premier plan”
Par Vincent Delcorps
Publié le - Modifié le
3 min

L’ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège estime que la diplomatie du Saint-Siège est particulièrement bien informée. Si Bruxelles jouit d’une position forte au Vatican, sa réputation se voit aussi ternie par des différends sur les délicates questions bioéthiques et de genre. Cela n’empêche toutefois pas la diplomatie d’opérer.

© UNamur

Nous sommes le jeudi 24 février et nous avons rendez-vous en début de matinée, par vidéoconférence, avec Patrick Renault. Objectif: l’entendre sur le rôle du Saint-Siège sur la scène internationale, les relations entre le Vatican et la Belgique, et le rôle du pape dans la gestion de l’Eglise.
Nous sommes le jeudi 24 février et une guerre vient d’éclater en Ukraine. Les infos tombent au compte-gouttes, la situation n’est pas encore claire. Mais le sujet est inévitable. "C’est une véritable catastrophe pour l’Europe", ouvre Patrick Renault. "C’est une des journées sombres de l’histoire récente de notre continent. Reste à espérer que tout le monde pourra retrouver sa logique et son calme. Mais il est trop tôt pour analyser ce qui est en train de se passer. Je peux en tout cas vous dire que tant pour ce poste que pour le Vatican, l’Ukraine a été un point prioritaire depuis quelques semaines."

Pour la Belgique, quel intérêt y a-t-il à disposer d’une ambassade près le Saint-Siège?

C’est une question parfaitement légitime. Le Vatican est un tout petit Etat. "Combien de divisions?", disait Staline. Il n’empêche, le Vatican est un pays qui joue un rôle prépondérant, parfois même crucial, dans les enceintes internationales. C’est un acteur de premier plan au niveau politique et éthique. Et en réalité, à l’exception de l’un ou l’autre dossier, il existe une très forte convergence de vues entre le point de vue du Vatican et celui de la Belgique – et, plus largement, entre le Vatican et l’Union européenne. J’ajoute un autre élément, qui m’a fortement surpris en arrivant ici: le Vatican est probablement l’organisation la plus internationale que j’ai jamais rencontrée. Je parle ici en termes d’intégration. Bien sûr que l’ONU est l’organisation qui compte le plus de pays. Mais ici, l’organisation-même est profondément internationale dans son fonctionnement. On y observe d’ailleurs certaines tendances qui se vérifieront un peu plus tard dans les fora internationaux. Je pense notamment à la montée en puissance de certains continents, qui se traduit au niveau du personnel, des thèmes discutés, des prises de position… Tout dernier point: la clarté et la profondeur des informations dont dispose le Vatican sont sans égales. Tout au long de ma carrière, dans mes différents postes, j’ai d’ailleurs toujours veillé à avoir des contacts avec le nonce en poste. Les Affaires étrangères ont souvent tendance à parler aux mêmes personnes – les politiques, les scientifiques, les étudiants, les hommes d’affaires, les responsables syndicaux… Soit une couche socio-culturelle qui représente à peine 2 ou 3 % de la population. L’Eglise fonctionne d’une façon complètement différente. Elle dispose d’une présence historique sur le terrain, qui lui permet d’être pleinement informée des mouvements sociaux qui se préparent.

Propos recueillis par Vincent DELCORPS

Catégorie : Eglise Belgique

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