Une lettre ouverte adressée par des journalistes catholiques au pape François, à l’occasion de la canonisation du prêtre néerlandais Titus Brandsma, le 15 mai 2022.
Saint Père,
En 2018, en des termes clairs, vous nous avez appelés, en tant que journalistes, à "promouvoir un journalisme de paix", "un journalisme sans duperies, hostile aux faussetés, aux slogans à effet et aux déclarations emphatiques; un journalisme fait par des personnes pour les personnes, et qui se comprenne comme un service à toutes les personnes, (…) un journalisme engagé à indiquer des solutions alternatives à l’escalade de la clameur et de la violence verbale." (Pape François, La Vérité vous rendra libres. Fausses nouvelles et journalisme de paix, Message pour la 52e journée mondiale des communications sociales, 24 janvier 2018).
Nous souscrivons pleinement à votre appel, et y voyons une ligne de conduite claire pour l’entreprise journalistique dans son ensemble. Pour les médias traditionnels comme pour les nouveaux médias, pour les rédactions écrites, les radios, les chaînes de télévision, pour les plateformes du web. Et pas seulement pour les journalistes catholiques mais pour tous les journalistes de bonne volonté.
Le 15 mai, à Rome, vous allez canoniser un homme qui s’est particulièrement montré à la hauteur de cette mission, jusqu’à la mort: le père carme néerlandais Titus Brandsma (1881-1942).
Il a beaucoup compté pour la communauté catholique des Pays-Bas. Parmi toutes ses activités, force est de constater que c’est par son activité journalistique qu’il s’est le plus distingué. Il fut rédacteur en chef d’un journal, s’efforça de moderniser et de professionnaliser la presse quotidienne catholique néerlandaise, milita pour l’amélioration de la formation et des conditions de travail des journalistes.
Le père Brandsma effectua son travail dans le contexte de la montée du fascisme et du nazisme en Europe. Il résista, par ses mots et par ses actes, au langage de la haine et de la division qui s’imposait alors. Selon lui, ce que nous appelons aujourd’hui les "fake news" ne devraient pas avoir droit de cité dans la presse catholique. Avec succès, il demanda qu’un veto épiscopal soit édicté contre l’impression des discours de propagande national-socialiste dans les journaux catholiques.
Cet acte courageux, il le paya de sa vie. Le père Titus fut arrêté par l’occupant au début de l’année 1942. Il fut ensuite envoyé dans le camp de concentration de Dachau. C’est là qu’il fut tué par injection, le 26 juillet 1942, le jour même où les évêques néerlandais firent lire, dans toutes les églises du pays, un courageux texte de protestation contre la déportation des juifs.
Nous, journalistes catholiques, reconnaissons en Titus Brandsma un collègue et un confrère de haute valeur. Quelqu’un qui s’engagea dans la véritable mission qui devrait motiver le journalisme des temps modernes: la recherche de la vérité, la promotion de la paix et du dialogue entre les personnes et entre les peuples.
Voilà pourquoi nous voyons en lui un ami et un intercesseur pour toute notre profession, susceptible de devenir le saint patron des journalistes. A travers cette lettre, nous nous permettons de vous demander d’officiellement reconnaître ce patronage.
L’actuel saint patron des journalistes est François de Sales. Il fut assurément un véritable témoin de la foi, doué de grands mérites. Mais, au contraire de Titus Brandsma, il n’était pas journaliste dans le sens moderne du terme.
En outre, comme cela a déjà été mentionné, Titus Brandsma mourut de son engagement. Cela justifie sans doute davantage encore ce patronage. Selon l’UNESCO, pas moins de 55 journalistes ont été tués en 2021, dans l’exercice de leur fonction. Tant d’autres sont confrontés à la violence, aux menaces, à la répression, à la censure, à la persécution. A notre époque de désinformation et de polarisation, l’engagement en faveur de la vérité et de l’humanité se révèle extrêmement dangereux. Cela rend urgente la désignation d’un saint intercesseur qui fut également confronté à cela – et qui brilla par ses mérites.
Nous vous remercions chaleureusement de bien vouloir étudier notre demande avec bienveillance.
Avec notre profond respect,
Cette lettre ouverte est notamment signée par: Anton de Wit, rédacteur en chef du Katholiek Nieuwsblad, Hendro Munsterman, correspondant au Vatican pour le Nederlands Dagblad, Emmanuel Van Lierde, rédacteur en chef et Vaticaniste de Tertio, Wilfred Kemp, présentateur radio et TV pour KRO-NCRV, Vincent Delcorps, rédacteur en chef de CathoBel/Dimanche, Pierre Granier, CathoBel/Dimanche, Christophe Herinckx, CathoBel/Dimanche, Clément Laloyaux, CathoBel/Dimanche, Angélique Tasiaux, CathoBel/Dimanche, Manu Van Lier, CathoBel/Dimanche, Loup Besmond de Senneville, correspondant au Vatican pour La Croix, Salvatore Cernuzio, correspondant au Vatican pour le Katholiek Nieuwsblad et collaborateur à Vatican News, Charles Delhez, ancien rédacteur en chef de Dimanche, Andjela Jelicic Krajcar, correspondant au Vatican pour HRT, Christopher Lamb, journaliste et auteur, correspondant au Vatican pour The Tablet, Carlo Marino, journaliste à European News Agency, Ludwig Ring-Eifel, rédacteur en chef de KNA, Valentina Alazraki, journaliste Noticieros Televisa, Junno Arocho Esteves, journaliste Catholic News Service, Giusi Brega, journaliste LaPresse , Jan Brouwers, freelance journaliste, Maria Antonietta Calabro, journaliste Huffpost.it , Camille Dalmas, journaliste I-Media, Selinde van Dijk-Kroesbergen, rédacteur web Katholiek Nieuwsblad , Peter Doorakkers, rédacteur en chef Katholiek Nieuwsblad, Luuk van den Einden, rédacteur Katholiek Nieuwsblad , Eva Fernández, correspondante Cadena Cope , Leo Fijen, directeur/éditeur Adveniat en présentateur KRO-NCRV , Thulio Fonseca, journaliste et correspondant TV Canção Nova , Andrea Gagliarducci, journaliste EWTN , Filippo Di Giacomo, journaliste Il Venerdì , Alexey Gotovskiy, journaliste EWTN, Christian van der Heijden, Vaticaniste KRO-NCRV , Ignazio Ingrao, journaliste Tg1 Rai , Antoine-Marie Izoard, directeur Famille Chrétienne , Salvatore Izzo, directeur FarodiRoma.it , Martin Janssen, correspondant au Moyen-Orient Katholiek Nieuwsblad, Susanne Kurstjens-van den Berk, rédacteur Katholiek Nieuwsblad, Benoit Lannoo, freelance publiciste, Joan Lewis, rédacteur en chef Rome EWTN, Vania De Luca, journaliste Tg3 , Jonathan Luxmoore, freelance journaliste, Javier Martínez-Brocal, correspondant ABC, Carmen Monton Lecumberri, freelance journaliste, Stefano Maria Paci, journal télévisé SkyTg 24, Francesco Paloni, rédacteur Katholiek Nieuwsblad, Enzo Romeo, rédacteur en chef et Vaticaniste Tg2-Rai, Inés San Martin, rédacteur en chef Rome Crux , Iacopo Scaramuzzi, journaliste La Stampa et Katholiek Nieuwsblad
