La prière d’abandon de saint Charles de Foucauld: mode d’emploi


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La prière d’abandon de saint Charles de Foucauld: mode d’emploi
Toute vraie prière n’est-elle pas à l’image de cette dernière prière de Jésus sur la croix ?
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
5 min

Cette prière est la prière commune à tous ceux et celles qui se réclament de Charles de Foucauld, partout dans le monde; c’est pourquoi elle a été traduite dans beaucoup de langues. Mais connaissez-vous son histoire et son sens profond?

Que nous apprend la belle prière d'abandon de saint Charles de Foucauld?
Toute vraie prière n’est-elle pas à l’image de cette dernière prière de Jésus sur la croix ?

Toutefois, beaucoup n’osent plus en faire leur prière parce qu’ils ne se sentent pas capables de la dire en vérité, ou pour l'avoir trop entendue et/ou répétée.

Une méditation, pas une prière!

Ce texte aurait été imprimé pour la première fois, sous forme de prière, en 1946. Or, on sait que cette prière n’est pas la prière du père de Foucauld, comme on le dit. D’une part, parce qu'elle a été écrite alors qu’il n’était pas le père de Foucauld (mais un simple moine en instance de quitter la Trappe), d'autre part, parce qu'il avait l'habitude d'adresser ses prières à Jésus et non au Père. Il s'agit en réalité d'une méditation, écrite en 1896, autour du verset 23, 46 de l'évangile de saint Luc.

Par rapport au texte original, des répétitions ont été supprimées, ce qui en enlève une partie de la force, nous verrons pourquoi. Cette méditation s'est donc par la suite transformée en prière, celle d'un Fils à son Père.

Offrande, confiance, abandon

Car il s'agit bien de Jésus priant son Père sur la croix, juste avant de le rejoindre. C'est sa dernière prière, son dernier cri. C'est également une prière d'offrande. Et ce que le Fils "remet entre les mains de son Père", c’est tout son être, son souffle, son âme, sa vie, sa personne. C’est l’offrande d’une volonté libre: "Ma vie nul ne la prend c’est moi qui la donne."

C’est la prière d’un condamné livré au pouvoir des hommes. Ce n’est donc pas la prière d’un moine en sécurité dans sa cellule.

Prière de confiance -"Mon Père je me confie à toi" - c’est la démarche de l’enfant qui se jette dans les bras de son père et cela explique les autres attitudes d’abandon et d’offrande. La confiance, c’est le sentiment
qui anéantit la crainte et bannit la peur de l’avenir, cette peur qui paralyse l’adulte. Devant la mort, dans la souffrance et face à toutes les épreuves de la vie, l’acte de foi devient un acte de confiance.

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"Je m'abandonne à Toi." Parce qu’elle commence ainsi, cette prière est devenue "La Prière d’Abandon". Ce n’est pas sans conséquence pour une bonne compréhension et une saine utilisation de cette formule à
cause de l’ambiguïté du verbe abandonner et à cause du sens qu’a pris ce mot dans la spiritualité.

C'est dans le sens de "se laisser aller (à ses sentiments, à ses goûts)" que doit être comprise cette phrase. Or, on l’interprète souvent en termes de résignation, d’acceptation, voire de démission. C'est une erreur répandue mais qu'il convient donc de rectifier.

Trois fois merci

L'aurez-vous perçu, mais c'est également une prière d'action de grâce. En effet, qui pense à faire de cette prière d’abandon une prière de remerciement? Pourtant les mots n’y manquent pas: "Quoi que Tu fasses de moi, je Te remercie; merci de tout … je Te remercie de tout." Rendre grâce pour le présent c’est y découvrir l’amour du Père. Dire merci pour un futur insaisissable, c’est redire sa confiance à ce Père qui nous aime.

Enfin, c'est une déclaration d'amour, la prière d’un fils qui se sent aimé. Charles de Foucauld ne pouvait s’empêcher de mettre un "Je T’aime" dans la bouche de Jésus, c’est son propre besoin, son besoin d’amour, qui est un besoin de se donner et de l’exprimer.

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Un amour démesuré

Charles de Foucauld n’était pas un homme de mesure. Il lui faut tout et tout de suite. Les répétitions, huit fois le mot "tout" dans cette courte méditation, en sont l’illustration. Elles sont comme les expirations successives qui vident les poumons plus complètement et permettent au souffle vivifiant de pénétrer au plus profond.

La prière se termine comme elle a commencé: "… Car tu es mon Père". Un seul mot la contient tout entière "Abba".

Toute vraie prière n’est-elle pas à l’image de cette dernière prière de Jésus sur la croix? Elle se situe dans le secret du lieu où le Père seul nous voit. Elle est perte de soi dans l’Autre et ressemble à une mort. Ainsi cette prière de Jésus peut-elle devenir notre prière, de tous nos instants.

Article inspiré du commentaire d'Antoine Chatelard publié en 1995 dans Vie consacrée.

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Que nous apprend la belle prière d'abandon de saint Charles de Foucauld?
Cette prière, c'est la dernière de Jésus à son Père, son dernier cri.

Prière d'abandon de saint Charles de Foucauld

Mon Père, Je m'abandonne à toi,
fais de moi ce qu'il te plaira.

Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.

Je suis prêt à tout, j'accepte tout.
Pourvu que ta volonté
se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d'autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l'amour de mon cœur,
parce que je t'aime,
et que ce m'est un besoin d'amour

de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.

Source : www.charlesdefoucauld.org

🎶🙏 Cette prière a été mise en musique par le chanteur chrétien Grégory Turpin 🙏🎶

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