« Jésus s’approche; il prend le pain et le leur donne; et de même pour le poisson » (Jn 21, 1-14). Voici le titre de l’évangile de ce 2e dimanche de Pâques pour lequel l’abbé Pierre Hannosset nous fait part de son commentaire.
Jésus est mort… Et, tout naturellement, les Apôtres retournent à leurs anciennes occupations: ils vont aller pêcher. Jésus s’est déjà manifesté à eux, mais il y a comme un réalisme de la vie qui semble prendre le dessus: « On a vécu une belle aventure, il est peut-être vivant, puisque nous l’avons vu, mais ça ne change rien: tout redevient comme avant. »
Nous venons de fêter Pâques, nous avons, nous aussi, vu le Seigneur vivant et ressuscité, ne risquons-nous pas, nous aussi, de retourner à notre vie quotidienne. « Oui, nous avons vécu une belle Semaine sainte, ça nous a fait du bien, mais maintenant, la vie reprend ses droits… » Et nous allons faire la même expérience que les Apôtres: une pêche sans résultat.
Mais non, si le Christ est ressuscité, c’est pour que nous soyons ressuscités, pour que toute notre vie change. Comment? Suivons les Apôtres.
La recette est toute simple: écoutez le Seigneur et lui obéir. Et en latin, c’est le même verbe d’ailleurs: audire et ob-audire. Si tu veux que la Résurrection inonde ta vie, n’arrête pas d’écouter le Seigneur et ce qu’il a à te dire, même si ça dépasse l’entendement humain. Car, avouez que les Apôtres sont admirables. Alors qu’ils sont pêcheurs de métier, voici qu’un inconnu leur dit comment faire pour avoir du poisson et ils lui obéissent. Il faut une fameuse dose de confiance humaine. Oui, Seigneur, tu me demandes parfois des choses tellement bizarres… Et, pourtant, si je veux que ma vie arrête d’être stérile, il faut suivre tes conseils.
Nos filets se rempliront et alors seulement, nous reconnaîtrons, comme saint Jean, que c’est le Seigneur qui nous avait parlé. Mais nous aimerions en être sûr avant de lui obéir… Ce n’est pas comme ça avec le Seigneur: nous agissons dans la foi pure, d’abord, et ensuite seulement, nous découvrons que tel était le dessein du Seigneur.
Il y avait 153 poissons. Origène, écrit: 153, c’est les païens (100), les chrétiens (50) et la Trinité (3). Si nous écoutons le Seigneur, nous allons ramasser dans nos filets le Monde, l’Eglise et Dieu lui-même.
C’est seulement avec Jésus ressuscité que je peux vivre en Eglise; car c’est lui qui l’a fondée, c’est lui qui nous a dit que nous étions enfants d’un même Père. Sinon, l’Eglise n’est qu’une sorte de club philantropico-spirituel…
Ce n’est qu’avec Jésus ressuscité que je peux avoir une vraie relation avec le Monde; ce n’est qu’avec lui que je peux sauver ce monde, lui donner une raison de vivre et d’espérer. Nous le dirons bientôt avant la prière sur les offrandes: « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».
Et enfin, c’est en Jésus ressuscité seul que nous pouvons entrer dans le mystère de Dieu. « Dieu, personne ne l’a jamais vu – dira Jean – mais Jésus est venu nous le raconter ». Sans Jésus, notre connaissance de Dieu est sèche; en suivant Jésus ressuscité, j’entre dans le cœur-même de Dieu et sa respiration devient ma respiration.
Abbé Pierre Hannosset