Les éditions du Carmel de Lisieux viennent de publier l' "Autobiographie de la sœur et novice de la Petite Thérèse". La couverture de ce livre reprend le titre original voulu par Céline Martin, la sœur de Sainte Thérèse de Lisieux : "Histoire d'un tison arraché du feu".
Il est utile, pour commencer, de resituer les membres de la famille Martin, dont Thérèse était la dernière… mais aujourd'hui la plus célèbre ! Sainte Thérèse est précédée de huit frères et sœurs, dont quatre décédés en bas âge. Céline est l'aînée de quatre ans par rapport à Thérèse. Pourtant elle est entrée après sa célèbre sœur au Carmel, Thérèse était alors assistante de la maitresse des novices, donc chargée de la formation spirituelle de sa propre grande sœur.
La complicité entre les deux dernières enfants de la famille Martin transparaît à chaque chapitre de cette autobiographie. Depuis l'enfance aux Buissonnets, en passant par le pensionnat où Thérèse s'acclimate difficilement, jusqu'à la vie religieuse au Carmel, les deux sœurs se comprennent à demi-mots. Céline Martin raconte également ses propres épreuves, en soulignant à quel point le cheminement de Thérèse peut la guider dans ces choix.
Les assauts de Satan
Il nous semble intéressant de nous arrêter sur un chapitre où Céline Martin décrit la vie dans le monde, pendant la période où elle prend soin de leur père malade. A l'époque l'auteure vit chez son oncle et sa tante, près de ses cousines. Elle est victime de coquetterie, elle reçoit une demande en mariage, auquel elle répond négativement. Sur ce point, elle reconnaît être "en proie aux fureurs de l'ennemi", elle qui avait décidé d'être "à Jésus tout seul" se trouve torturée par l'attrait pour une autre belle vocation, celle du mariage.
Céline Martin, devenue ensuite Sœur Geneviève de la Sainte-Face en entrant au Carmel, est celle qui a vécu le plus longtemps de toute la fratrie. Quand elle a entrepris en 1909 la rédaction de la première version de cette Histoire d'un tison arraché du feu, elle a 40 ans. Le manuscrit de sa petite sœur Thérèse est déjà répandu dans le monde. Mère Agnès, la prieure du Carmel de Lisieux à l'époque, y annote : "Chef d'œuvre […] fera beaucoup de bien". Le style très abordable des écrits de Céline Martin rend clair et lisible la spiritualité de cette religieuse, en harmonie avec la petite voie décrite par sa sœur Thérèse. Notons enfin que l'auteure de cette autobiographie a complété son manuscrit de quelques pages, en 1931. Elle y raconte quelques touches du "triomphe de Thérèse" pour lequel elle a contribué par son témoignage auprès du tribunal de béatification (Thérèse Martin fut reconnue bienheureuse en 1923).
Anne-Françoise de Beaudrap
📌 "Autobiographie de la sœur et novice de la Petite Thérèse", de Céline Martin, éditions du Carmel, 381 pages.
