Cette année, l’UCLouvain a choisi d’honorer trois personnalités qui interrogent la vérité dans tous ses états. Chimamanda Ngozi Adichie, Florence Aubenas et Michael E. Mann n’hésitent pas à prendre part à des combats contemporains, pour restituer et défendre une vision de la vérité, quitte à déranger et ouvrir d’autres horizons.

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En remettant le titre de docteurs honoris causa à la militante féministe nigérienne Chimamanda Ngozi Adichie, à la journaliste française Florence Aubenas et au climatologue américain Michael E. Mann, l’UCLouvain prend acte de « la fragilité du vrai ». La défense de la vérité prend des allures de combat à l’heure de la mondialisation des annonces partisanes ou sans fondement. C’est donc à partir du terrain que ces trois acteurs remettent en cause l’ordonnancement du monde. Partant du plus petit, ils n’hésitent pas à porter ombrage aux discours des puissants. Tous trois incarnent un rapport de résistance à une vérité assénée.
Dans l’ADN de l’université
Initialement prévue le 2 février, à l’occasion de la fête patronale de l’université, la remise des titres a lieu ce printemps. Comme lors des précédentes éditions, les docteurs ont été choisis par la communauté universitaire toute entière, rappelle Vincent Blondel, recteur de l’UCLouvain. « Le thème de la vérité est d’une brûlante actualité », insiste-t-il, se référant aux milliers d’assertions fausses ou trompeuses d’un ancien président. « L’importance de ce thème est à la fois politique et scientifique. Fragile, le vrai change dans le temps. La vérité évolue en effet et elle nécessite des éclairages différents. L’université permet ces évolutions et ces éclairages. Elle doit garder le feu du vrai pour le faire grandir et évoluer. » Elle est donc responsable du surgissement potentiel d’une vérité, aussi fragile soit-elle. « C’est dans le rôle de l’université d’assurer la fragilité du vrai », énonce-t-il.
Persévérer, coûte que coûte

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Reporter sur des lieux de conflit et écrivaine, Florence Aubenas insiste sur la notion de persévérance, une des clefs de son métier. « S’inscrire dans la durée est difficile pour un journaliste. Une guerre chasse l’autre. Il y a une seule façon de faire bouger les choses : s’y accrocher. Cela demande de lutter contre soi-même. » Expliquant son travail auprès de gens souvent ignorés, elle souligne combien il n’y a pas une vérité. « Travailler sur une matière vivante aide à comprendre des vérités et des réels qui cohabitent les uns avec les autres ». De son rôle, elle dit encore : « le respect des libertés y est fondamental, il ne s’agit pas de prendre parti ni de désigner un coupable, mais d’aider celui qui lit à comprendre la complexité. Différentes vérités peuvent cohabiter sur un fait réel. »
Angélique TASIAUX
La cérémonie des docteurs honoris causa est retransmise en direct via YouTube, dès 18h le 28 avril.