En voilà un drôle de sujet… Et pourtant, la honte ne fait-elle pas partie intégrante de notre commune humanité ? Certains l'éprouvent peu, d'autres davantage. Allons à la découverte de ce sentiment qui peut s'avérer envahissant, voire tétanisant.
Y en a-t-il des hontes… Celle de porter des vêtements élimés dans une cour d'école, celle d'avoir raté un examen ou ses études, celle d'être en retard d'une guerre, celle d'avoir une autre couleur de peau, celle de parler avec un accent trop connoté socialement, celle d'appartenir à une lignée dite bâtarde, celle d'être pris en flagrant délit, celle de ne pas travailler, celle de contribuer à un système économique ou de soutenir un régime politique, celle d'être différent sans le vouloir nécessairement, celle d'être issu d'un autre milieu social, celle de recourir à un autre référentiel, celle de manger différemment, celle d'avoir eu un parent collabo pendant la guerre, celle d'avoir un proche parent en prison ou interné, celle d'avoir été abusé, celle de ne pas avoir dénoncé, celle d'avoir fermé les yeux, celle d'avoir feint l'indifférence… La honte se lit dans le regard de l'autre, souvent prompt au jugement. Elle est intimement liée à la perception d'un déshonneur ou d'un désavantage qui mortifie. C'est dire son incidence dans la suite du parcours de l'individu, blessé au fer rouge. De la honte, il n'y a souvent qu'un pas vers l'humiliation.
Angélique TASIAUX
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