Elégante et volontaire, Jacqueline Bir a joué bien des rôles. Sa présence en scène en impose. C’est pourtant avec simplicité qu’elle se confie et évoque son amour des grands textes, la mission des comédiens et le passage du temps.

Voilà l’une des comédiennes les plus emblématiques de notre pays. Dans sa huitième décennie, la comédienne n’a rien perdu de son allant et de son sens aigu de l’observation. A l’affiche cet hiver et ce printemps, elle court entre les répétitions. Juste le temps de se poser pour répondre à quelques questions.
Cheveux courts, sans maquillage, avec une jolie broche sur un manteau gris perle, baskets rosées, l’énergique vieille dame s’avance d’un pas décidé. Les gens la reconnaissent discrètement, elle ne le remarque pas ou leur glisse un sourire furtif. Discrète, la comédienne talentueuse ne met pas en scène ses états d’âme ni son appartement. Pudique, elle ne raconte pas, non plus, des anecdotes sur les autres, glanées au fil de ses rencontres devenues des souvenirs. Tout au plus, par une phrase lapidaire, marque-t-elle son agacement face au tumulte du monde, son brouhaha aussi. Les années passant, elle s’allège de tout ce qui encombre, comme le maquillage, les vêtements à la mode éphémère ou les artifices onéreux. Dans le même état d’esprit, elle estime une comédienne plus riche à 80 printemps qu’à 20, grâce à l’épaisseur de tous les rôles endossés. « La vie elle-même nous apprend tellement de choses. On s’enrichit chaque jour du vécu et des rôles joués. C’est une recherche permanente. C’est un métier où on peut apprendre éternellement, jusqu’au bout. »
Le phrasé de « La » Bir est inimitable et reconnaissable, au point que les gens l’accostent quelquefois dans un lieu improbable, comme une grande surface ou sur la digue. La mer, voilà un lieu qu’elle affectionne, posant son regard sur le mouvement perpétuel des vagues, qui vont et viennent, à l’image des humains. La mort fait partie de la vie, elle devrait être évoquée dès l’enfance, glisse-t-elle. « Le théâtre est éphémère, de passage comme nos vies », ajoute-t-elle.
Estimez-vous que le comédien est un passeur de mots et d’émotions?
Nous sommes là pour transmettre des textes que nous admirons, pour que les autres puissent découvrir, apprendre des choses qu’ils ne connaissent pas. C’est notre mission.
Propos recueillis par Angélique TASIAUX

Découvrez la suite de cet article dans le Journal Dimanche
Profitez de nos offres à partir de 40€/an. Contactez-nous en ligne, au 010 / 77 90 97 ou via abonnement@cathobel.be