Le tandem François Schuiten et Benoît Peeters n’est plus à présenter. Le dessinateur et le scénariste ont enchaîné les collaborations et accumulé les succès, grâce à leur fameuse série « Les Cités obscures ». Ce nouvel album complète leur exploration, en soulignant, cette fois, leur attachement à la ville de leur enfance.
« Bruxelles nous a marqués tous les deux par ses incohérences et son chaos, mais aussi par sa diversité et sa qualité de vie, ses beautés visibles ou plus dissimulées », écrit Peeters. Après en avoir déploré les multiples destructions – un phénomène reconnu au point d’être nommé la bruxellisation – les deux artistes proposent un catalogue subjectif de monuments et sites, épinglés pour leur valeur caractéristique. Des extraits de personnalités belges – Camille Lemonnier, les architectes Victor Horta et Henry Van de Velde –, mais aussi d’écrivains français – Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Eugène Fromentin ou Victor Hugo – complètent le propos et contextualisent l’ensemble. Les amateurs de belles planches se réjouiront de retrouver des dessins admirés dans des albums précédents et retravaillés pour l’occasion. Après le désenchantement, cet album loue ce qui a été préservé et rappelle des aspects quelquefois oubliés comme l’effondrement évité de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule, lors de la construction de la jonction ferroviaire entre les gares du nord et du midi.
Angélique TASIAUX
Schuiten-Peeters, « Bruxelles. Un rêve capital ». Casterman, 2021, 127 p.