Depuis le 25 décembre, Netflix propose la série « Stories of generation » (Histoires d’une génération) dont le narrateur est le pape François. Un joli cadeau de Noël pour tous les abonnés.
A travers des récits sincères et touchants, des femmes et des hommes de plus de 70 ans partagent des leçons de vie poignantes et des choix décisifs tirés de leurs parcours. La série s’inspire du livre du pape François « Partager la sagesse du temps », publié en 2018. Pour recueillir ces récits de vie, des cinéastes de moins de trente ans ont été envoyés un peu partout dans le monde. Il en résulte quatre épisodes, d’une quarantaine de minutes, s’appuyant chacun sur un thème: l’amour, rêver, lutter, le travail.
La série débute avec le pape qui s’installe devant les caméras. On peut percevoir toute la délicatesse de l’homme, sa bienveillance et sa simplicité. Décontracté, François se livre sur son goût pour le tango, son affection pour sa grand-mère et sur son parcours personnel.
Episode 1: l’amour
A la question « c’est quoi l’amour? », le pape rétorque « c’est quoi l’air? » et il rit. Dans cet épisode, le réalisateur new-yorkais Martin Scorcese, interrogé par sa fille, témoigne de sa vision de l’amour, aux côtés de sa femme malade. Il évoque aussi celui que se portaient ses parents, « au-delà des mots ou des émotions, un lien spirituel indescriptible ». Estela Barnes de Carloto, 90 ans, est la présidente de l’Association des grand-mères de la place de mai (organisation argentine qui a pour but de retrouver et de rendre à leurs familles légitimes tous les enfants et bébés volés lors de la dernière dictature militaire de 1976 à 1983 – 30.000 disparus, morts ou prisonniers). Sa fille aînée, Laura, a été enlevée par la dictature militaire. Elle était enceinte de six mois. Son fils lui a été volé le jour de sa naissance et elle fut assassinée. « J’ai juré que je ne cesserais jamais de réclamer justice pour elle ni de chercher son fils. » Autre témoignage très touchant, celui de Vito Fiorino. Marchand de glaces à Lampedusa (Italie), sa vie a basculé la nuit du 3 octobre 2013. Avec sept de ses amis, il a porté secours à deux cents naufragés érythréens et somaliens dont l’embarcation s’est retournée en mer. « Il faisait nuit noire et on entendait des mouvements de bras dans l’eau, des appels au secours, les cris des gens qui se noyaient. Il y avait trois garçons et deux femmes plus loin, on a pu sauver les garçons mais j’ai vu les deux femmes se noyer. » Avec son bateau, Vito a sauvé 47 personnes. « Pour moi, l’amour c’est ramener des gens à la vie. C’est me redonner vie, à moi aussi. » Vito a gardé contact avec beaucoup de naufragés qu’il considère comme ses enfants. « On ne devient pas père parce qu’on a engendré un enfant, observe le pape François, ce qui fait un père, c’est l’engagement dans la vie, dans les limites, dans la grandeur et dans le développement de celui qu’on a créé et qu’on regarde grandir ».
Carlos Solis, ophtalmologue uruguayen, exprime la tendresse qu’il porte pour sa femme à travers la danse: le tango. L’éthologue britannique Jane Goodall parle, elle, de son amour pour les animaux. Elle est connue à travers le monde pour ses recherches sur les chimpanzés. Depuis les années 70, elle a créé de nombreux refuges de protection des chimpanzés et géré des réserves naturelles. « La science veut tout quantifier et objectiver. » Jane Goodall rapporte l’histoire d’un chimpanzé qui s’est laissé dépérir suite au décès de sa mère à qui il était trop attaché. Des comportements humains qu’elle a décrit dans ses recherches, notant que les humains n’étaient pas les seuls êtres vivants pourvus d’émotions. « Si tout le monde apprenait à aimer et à respecter, le monde serait très différent. »
« L’amour on ne peut pas le conceptualiser, déclare le pape. Ce qui énerve le plus un malade, c’est quand un curé lui dit ‘Dieu est avec vous’. Ou quand une tante ou une grand-mère n’arrête plus de parler. Ils essaient de lui expliquer qu’il faut garder une attitude positive dans la vie. Ca ne peut pas fonctionner parce qu’il n’y a pas d’amour. Aimer un malade, c’est se mettre à sa place. Il faut le regarder, lui prendre la main et se taire. C’est la seule façon d’exprimer la proximité. L’amour, c’est la proximité ».
MVL – Images: captures d’écran Netflix – Stories of a generation
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