
Voilà que viennent de s’ouvrir au Parlement les débats concernant la vaccination obligatoire. Bien sûr, on peut regretter que ceux-ci arrivent si tard – on peut même se demander s’ils répondent encore vraiment à une priorité…
Il nous semble malgré tout important que ces débats puissent se tenir dans le lieu le plus emblématique de notre démocratie. Non seulement parce qu’ils touchent à des droits tels que la liberté individuelle, la solidarité, la quête du bien commun ou la libre disposition de son corps. Mais aussi parce que, précisément, des arbitrages pourraient devoir être opérés entre ces droits fondamentaux.
Nous voulons ici exprimer un souhait: que ces débats puissent aller en profondeur. N’ignorer aucune question. Et, surtout, éviter caricatures et stigmatisations.
Il en est une qui nous dérange particulièrement: celle selon laquelle les non-vaccinés seraient des égoïstes. Et des coupables. En clair: les vaccinés seraient les gentils; les non-vaccinés seraient les méchants; et si la crise n’est toujours pas finie, ce serait évidemment la faute des premiers.
Cette accusation répond à la logique bien connue du bouc émissaire. Et elle pose problème. Pour quatre raisons. Et de quatre façons.
Cette accusation est dangereuse car elle divise la population. Elle ne fait pas que refléter un clivage, elle contribue à l’accentuer. La crise ne nous avait-elle pas enseigné que nous sommes tous reliés, et que ce n’est qu’ensemble que nous pourrions en sortir?
Cette accusation est problématique car elle est fausse. Les raisons de refuser le vaccin sont très nombreuses. Et, parallèlement, toutes les raisons d’accepter le vaccin ne sont pas altruistes… Les comportements vraiment égoïstes ne seraient-ils pas plutôt ceux des personnes qui, vaccinées ou pas, rejettent les gestes barrières et négligent les quarantaines?
Cette accusation est contre-productive car elle ne convainc personne. Croit-on vraiment persuader les non-vaccinés de se faire vacciner en les insultant?
Cette accusation est néfaste car elle restreint les cadres de pensée. Elle empêche d’entendre les bonnes questions que posent les non-vaccinés. Et nous prive de voir les limites d’une stratégie basée sur la seule vaccination.
Vincent DELCORPS