Pour la septième étape de sa série de catéchèses sur saint Joseph, lors de l’audience générale tenue ce mercredi 12 janvier en Salle Paul-VI, le Pape François est revenu sur la figure inspirante que le père adoptif de Jésus représente pour les travailleurs, et particulièrement les ouvriers et artisans, qui peuvent tracer un chemin de sainteté à travers le soin donné à leur travail.
«Jésus adolescent a appris de son père ce métier» de charpentier, un service important dans la société de l’époque, car le bois servait à construire des meubles et des barques mais aussi parfois des habitations. Mais cette filiation dans l’artisanat du bois, et donc dans un travail manuel, retirait toute légitimité intellectuelle à Jésus, du point de vue des autorités religieuses. Dans le 13e chapitre de l’Évangile selon saint Matthieu, certains témoins de sa prédication se demandent «d’où lui viennent cette sagesse et ces prodiges». Ils sont choqués, scandalisés, car «il était le fils du charpentier mais il parlait comme un docteur de la loi».
«Cette donnée biographique de Joseph et de Jésus me fait penser à tous les travailleurs du monde, d’une façon particulière à ceux qui sont exploités avec le travail au noir», a expliqué le Pape François, rendant hommage aux enfants exploités, aux chiffonniers, aux employés des mines et de certaines usines qui «donnent un salaire de contrebande, en cachette, sans retraite, sans rien», s’est-il alarmé. Il a aussi dénoncé les nombreux accidents du travail qui ont marqué l’actualité récente, notamment en Italie.
Recueillement pour les personnes affectées par le chômage
Le Pape argentin s’est aussi attristé de l’humiliation de ceux qui ne trouvent pas travail, qui sont rejetés à la porte des usines et se trouvent réduits à quémander du pain à la Caritas. «Les gouvernants doivent donner à tous la possibilité de gagner le pain» car le travail est «une onction de dignité», a redit l’évêque de Rome. Avec gravité, évoquant la détresse des jeunes, des pères et des mères qui en viennent à se suicider en raison de leur incapacité à trouver un travail et à nourrir leurs familles, le Pape François a invité les pèlerins rassemblés à se tenir un instant en silence.
«On ne tient pas suffisamment compte du fait que le travail est une composante essentielle dans la vie humaine, et aussi un chemin de sanctification». Le Pape François, qui a lui-même exercé plusieurs professions en Argentine avant de devenir prêtre (il fut notamment professeur de lettres, technicien de laboratoire et même videur de boîte de nuit), a rappelé que travailler permet d’œuvrer concrètement au service des autres et de faire en sorte que la vie spirituelle ne devienne pas un simple «spiritualisme». Mais ce service ne peut être assumé que s’il est vécu dans un cadre sain, officiel et régulé, afin d’exprimer sereinement notre «nature relationnelle» et notre «créativité».
La relation entre Jésus et Joseph, un modèle de dignité dans le travail
«Il est beau de penser que Jésus lui-même a travaillé et qu’il a appris cet art justement de saint Joseph. Nous devons aujourd’hui nous demander ce que nous pouvons faire pour retrouver la valeur du travail», et faire en sorte qu’il échappe «à la logique du pur profit et puisse être vécu comme comme droit et devoir fondamental de la personne, qui exprime et assoit sa dignité».
Comme il en a pris l’habitude depuis le début de son cycle de catéchèses sur saint Joseph, le Pape a conclu sa catéchèse en récitant une prière, que saint Paul VI avait prononcé le 1er mai 1969.
«Ô saint Joseph, Patron de l’Église toi qui, auprès du Verbe incarné, as travaillé chaque jour pour gagner le pain, en tirant de Lui la force de vivre et de se fatiguer; toi qui as éprouvé l’angoisse du lendemain, l’amertume de la pauvreté, la précarité du travail.
Toi qui irradies aujourd’hui par l’exemple de ta figure, humble devant les hommes mais très grande devant Dieu, protège les travailleurs dans leur dure existence quotidienne, défend-les du découragement, de la révolte nihiliste comme des tentations de l’hédonisme ; et prends soin de la paix dans le monde, cette paix qui seule peut garantir le développement des peuples. Amen.»