Le Conseil œcuménique des Églises (COE) accueillait récemment le Frère Aloïs, prieur de la communauté de Taizé. Le COE en a profité pour interroger le successeur du Frère Roger sur l’accompagnement des jeunes, en ce contexte difficile.

(c) Ivars Kupcis/WCC
COE: Suite à la situation sanitaire actuelle dans le monde, la rencontre européenne de Taizé de cette fin d’année aura lieu en ligne. Quels sont vos principaux moyens de soutenir les jeunes du monde entier?
Frère Aloïs : Nous devons être plus flexibles, comme tout le monde, et nous adapter à la situation. Par exemple il y a nos réunions européennes, que nous organisons depuis déjà 40 ans, toujours dans une ville et un pays différents. Cette année elle aurait dû avoir lieu à Turin, en Italie. Cela n’a pas été possible vu en raison de la situation, mais nous avons décidé de faire mieux que seulement la convertir en une réunion en ligne à la fin de l’année. Pour que les jeunes adultes de toute l’Europe rencontrent réellement la population locale, nous tâcherons d’organiser une deuxième rencontre, du 7 au 10 juillet à Turin – en espérant que cela soit possible.
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À Taizé, tout d’abord, il n’a pas été facile pour notre communauté de s’adapter à la situation de la pandémie; – nous avons dû fermer complètement notre accueil par moments. Nous ne pouvions pas imaginer que nous serions seulement entre nous – seulement entre frères. C’était une période difficile à différents niveaux – spirituel, psychologique, et même économique, car nous devions trouver de nouveaux moyens de gagner notre vie.
Il y a un horizon
COE: La communauté de Taizé poursuit le « pèlerinage de confiance » lancé par frère Roger il y a plus de 30 ans. Quels sont, selon vous, les domaines du monde actuel où la confiance est la plus nécessaire ?
Frère Aloïs : Partout, et dans toutes nos sociétés. Ce qui rend la confiance difficile, c’est la peur. La peur est de plus en plus présente et visible – méfiance envers les gens étrangers ou différents, peur de l’avenir, peur causée par le changement climatique et les catastrophes écologiques. La confiance n’est pas une réponse facile – mais l’enracinement de notre vie dans l’amour du Christ laisse toujours un espace ouvert à l’espoir. Il y a un horizon au-delà : la résurrection de Jésus. Il existe un horizon au-delà de la fin, ou au-delà de ce que nous considérons comme la fin, à savoir la mort. La foi en la résurrection du Christ ouvre un horizon au-delà des difficultés. Elle nous donne l’espoir et le courage d’affronter toutes les situations difficiles.
Noël comme un encouragement

Espace prière de Taizé (ici à Montréal)
COE: Avec tant de divisions et tant de personnes laissées en marge aujourd’hui, quel est votre message aux gens dans le monde en ce Noël ?
Frère Aloïs : Le Christ est venu pour être proche de ceux qui sont en marge, qui ne sont pas privilégiés dans la vie. Cela éveille en nous une responsabilité de partage. Commençons par notre niveau personnel, en partageant ce que nous avons. De même, nos églises pourraient être beaucoup plus des lieux de partage, même matériel, d’entraide et de formation réelle de communautés de vie commune – pas seulement des communautés de prière dominicale, mais des communautés de vie partagée.
Enfin, nous sommes appelés à partager entre les pays et entre les continents, notamment entre l’Europe et l’Afrique. En tant que chrétiens, nous avons la responsabilité et aussi les moyens d’introduire plus de partenariat entre nos continents. Ce serait tellement important pour l’avenir de l’humanité.
Fêtons Noël comme un encouragement : avec le peu que nous avons, nous pouvons commencer.
(Recueilli par le Conseil Œcuménique des Eglises)