Après avoir reçu le rapport de la commission Sauvé des mains de son président, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a fait part, au nom de l'Eglise de France, de sa "honte" et de son "effroi", mais aussi assuré de sa détermination "à ce que cela change dans l’Eglise".
"Votre rapport est rude, il est sévère. L’ampleur du phénomène des violences et agressions sexuelles dans la société et dans l’Église que vous décrivez est effarante (...) Il dépasse ce que nous pouvions supposer." La réaction de Mgr de Moulins-Beaufort traduit l'hébétude dans laquelle l'Eglise de France vient d'être plongée à la suite de la publication du rapport de la CIASE. (Commission indépendante des abus sexuels dans l’Église - également appelée commission Sauvé).
Honte, effroi mais détermination
Soulignant "la force intérieure et le courage qu’il a fallu et qu’il faut à celles et ceux qui dénoncent les violences et agressions qu’ils ont subies", le représentant des évêques français a donc exprimé aux personnes qui ont été victimes de tels actes, sa "honte", son "effroi", mais a aussi fait part de sa détermination "à agir avec elles pour que le refus de voir, le refus d’entendre, la volonté de cacher ou de masquer les faits, la réticence à les dénoncer publiquement disparaissent des attitudes des autorités ecclésiales, des prêtres et des acteurs pastoraux, de tous les fidèles".
Le courage des victimes
L'archevêque de Reims a donc voulu assurer "ceux et celles qui parleront un jour, quel qu’il soit, qu’ils seront entendus, écoutés, pris au sérieux et que leur parole ne restera pas sans effet". Et le prélat d'insister encore une fois sur l’écart, le gouffre même, entre les constats de ces dernières années, à travers les récits entendus ou lus, et les chiffres établis désormais par la CIASE (plus de 200.000 victimes). "Le travail de purification nécessaire doit être poursuivi sans relâche", a poursuivi le prélat.
Un rapport qui doit intéresser toute la société
Après avoir salué le travail de la CIASE et remercié les chercheurs de l’École pratique des hautes études et de l’Inserm, les sondeurs et les analystes de l’Ifop qui sont intervenus pour les parties plus techniques, Mgr de Moulins-Beaufort a invité les catholiques à lire ce rapport qui, s'il met gravement en cause l’Église catholique, "apporte aussi des éléments de travail et de réflexion pour toutes les composantes de notre vie sociale".
Quant à l'institution ecclésiale, elle étudiera les analyses proposées et les préconisations faites. Le porte-parole des évêques a rappelé à cette occasion qu'une partie des mesures décidées en mars dernier est déjà en partie mis en place : transformation de la cellule permanente en un Conseil pour la prévention et la lutte contre la pédophilie, engagement à la construction d’un lieu mémoriel, poursuite de l’écoute des personnes victimes à l’échelle des diocèses et des congrégations mais aussi à l’échelle nationale, mise en place d’un service de prévention et de lutte contre la pédophilie, avec un service d’écoute national et la création d’un tribunal pénal canonique national, un travail continué avec les personnes victimes et avec des experts en tous domaines.
Le temps de la naïveté et des ambiguïtés est dépassé
"Nous avions décidé de revoir notre manière de comprendre et de présenter le ministère sacerdotal, celui des évêques et celui des prêtres ; le rapport de la CIASE nous appelle à plus de lucidité encore. Le temps de la naïveté et des ambiguïtés est dépassé", a expliqué Mgr de Moulins-Beaufort.
Pierre GRANIER
Lire ci-dessous l'intégralité de l'allocution de Mgr de Moulins-Beaufort
Rapport de la Ciase- Allocution de Mgr de Moulins-Beaufort