Aux sources du judaïsme (3/3): la Mezouza


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Aux sources du judaïsme (3/3): la Mezouza
La Mezouza est un petit rouleau de parchemin fixé dans un étui au poteau droit de la porte d’entrée de la maison et des pièces d'habitation
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
4 min

Toutes les demeures juives ont-elles une Mezouza ? que symbolise-t-elle ? que contient-elle ? Le Grand Rabbin Albert Guigui nous explique la fonction de ce petit boitier fixé au linteau des portes d'entrée.

Aux sources du judaïsme avec le Grand Rabbin Albert Guigui
La Mezouza est un petit rouleau de parchemin fixé dans un étui au poteau droit de la porte d’entrée de la maison et des pièces d'habitation.

La Mezouza contient le Chema Israel

La Mezouza est un petit rouleau de parchemin fixé dans un étui au poteau droit de la porte d’entrée de la maison et des pièces d'habitation. Ce rouleau de parchemin contient, écrits à la main, les deux premiers paragraphes du Chema'.

Le premier paragraphe commence par le Chma' Israel (Ecoute Israel). Il traite de l'acceptation du joug divin. Il s'agit en fait de l’existence de Dieu qui dirige le monde et lui imprime sa volonté. Il nous invite à "aimer l'Eternel de tout notre cœur, de toute notre âme et de tous nos moyens". Le second paragraphe traite entre autres de la question du châtiment et de la récompense.

Un lieu où Dieu est sans cesse présent

Aux sources du judaïsme avec le Grand Rabbin Albert Guigui
Le Grand Rabbin Albert Guigui (DR)

Une Mezouza n’est « cachère» (càd conforme) que si chacune des sept cent treize lettres qui la composent est absolument parfaite. Elle est invalide, si une seule lettre a été omise ou effacée, si une partie d’une lettre n’est pas distinctement reconnaissable ; si l’une des lettres touche la suivante ou si l’une des lettres est endommagée.

A travers la Mezouza, chaque juif proclame et affiche publiquement quel est son mot d’ordre, son grand projet, son programme pour la vie. Telles des armoiries gravées à l’entrée d’un palais, elle annonce à tout venant, la caractéristique de la maison : un lieu où Dieu est sans cesse présent, un lieu où tout ce qui se déroule est orienté vers Lui.

Une invitation à lutter contre l'aliénation

De plus, étant donné sa situation " stratégique ", la Mezouza est dotée d’une force considérable d’évocation et de rappel à l’ordre. Comme le souligne Maïmonide (voir note ci-dessous) : " Chaque fois qu’il entre et qu’il sort, [le juif] rencontre l’Unité du Nom du Saint Béni Soit-Il, il évoque son amour pour lui et il se réveille de sa torpeur et de son engouement pour les vanités temporelles. Il réalise alors que rien ne dure éternellement sinon la connaissance du " Rocher éternel ". Aussitôt, il se ressaisit et marche dans le droit chemin[1]. "

Certains, voient dans la Mezouza un encouragement permanent à lutter contre toute forme d’aliénation.  Dans le mot « Mezouza » nous trouvons le verbe « Zouz » qui signifie « bouger ».

Nous devons refuser l’habitude et l'embourgeoisement. Nous devons être imprégnés de la nécessité de conserver une jeunesse morale, un élan toujours renouvelé. Cette préoccupation a été le souci majeur des intellectuels juifs tels que Franz Rosenzweig, Martin Buber, Gerchon Cholem, Emmanuel Levinas, André Neher qui ont su formuler dans un langage actuel, les thèmes fondamentaux de la Bible, du Talmud et de la Kabbale permettant au juif d'affronter sans tension tous les défis théoriques de la modernité.

S.D. en collaboration avec le Grand Rabbin Albert Guigui

Qui était Maïmonide?

Aux sources du judaïsme avec le Grand Rabbin Albert Guigui
Statue de Moïse Maïmonide, rabbin séfarade du 12e siècle, auteur du Mishné Torah, l’un des plus importants codes de loi juive.

Né à Cordoue en 1138, Maïmonide était homme de loi et philosophe, penseur le plus éminent du judaïsme médiéval, médecin et astronome. Sa contribution à la littérature religieuse du judaïsme et à la pensée juive en général est immense tant dans le domaine de la halacha (la loi juive) que dans celui de la philosophie.

La pièce maîtresse de son œuvre juridique est le Michné Torah. C’est la plus considérable des compilations de la loi juive qui ait jamais été rédigée.

Quant au More Nebouchim (Guide des égarés), c’est l’œuvre majeure de la philosophie juive médiévale. Sa philosophie s’exprime également à travers ses ouvrages de la halacha et les Responsa qu’il rédigea en qualité de rabbin décisionnaire.

Il fut en effet la plus haute autorité rabbinique de son temps. Maïmonide mourut en 1204 à Fostat et fut enterré à Tibériade où l’on peut encore visiter sa tombe.


[1] Hilkhot Mezouza VI, 13


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