Il y a de belles histoires qui naissent de presque rien. Celle du sanctuaire de l’Enfant Jésus de Prague à Horion-Hozémont en fait partie…
Lorsqu’en août 2011, l’abbé Pierre Kokot installe une statue de l’Enfant Jésus de Prague dans son église et invite ceux qui le souhaitent à se réunir et prier, il n’imagine pas le développement futur du lieu ni la place que l’Enfant Jésus va prendre dans le cœur de nombreux pèlerins. « J’attendais trois ou quatre personnes pour cette première prière, il en est venu cinquante. Le mois suivant cent, puis cent-cinquante. » Le bouche à oreille a fait son œuvre autour de ce village de la province de Liège. Des fidèles, des curieux puis des groupes organisés se sont succédé pour venir prier l’Enfant Jésus de Prague et méditer les paroles issues du cœur à cœur en 1628 du père Cyrille avec Dieu: « Je vous donnerai la paix ». En seulement dix ans le sanctuaire s’est développé avec des salles pour les pèlerins, un magasin de souvenirs. « J’y vois moi-même le miracle de l’Enfant Jésus de Prague » assure l’abbé Kokot. « Vu l’affluence, nous avons créé une chapelle, construit un autel et mis en place une infrastructure pour accueillir les premiers groupes de pèlerins. Pour faciliter cet accueil, trois religieuses des Amantes de la Croix, originaires de Hanoï au Vietnam, sont venues s’installer dans un couvent que nous avons construit face à l’église. »
Rejoindre notre quotidien
Le sanctuaire a, dès les premières années, obtenu le soutien de l’évêque de Liège, Mgr Delville, qui a érigé la confrérie de l’Enfant Jésus de Prague (qui compte aujourd’hui 1.500 membres) pour protéger les familles et la vie naissante. « Plus vous m’honorerez, plus je vous favoriserai », peut-on lire au pied de la statue. « Prier l’Enfant Jésus, c’est entrer dans le mystère de son enfance, sa vie à Nazareth avec ses parents, le travail, les jeux, la prière ou le service. Il rejoint notre quotidien parfois banal ou répétitif, fait de joies et de croix. Le prier, c’est demander cette grâce de la paix dans les situations que nous vivons, heureuses ou malheureuses. C’est s’abandonner entre les mains de Dieu, comme la Sainte Famille l’a fait à Nazareth, pour vivre saintement son quotidien en accueillant tout ce que Dieu permet que nous vivions. »
Des grâces partagées avec les pèlerins
Au moment de se recueillir devant la statue, on ne peut s’empêcher de jeter un œil aux ex-voto disposés sur le mur de l’église: « Cohésion familiale retrouvée », « guérison », « amour purificateur » ou encore « réussite aux examens ». Chacun de ces remerciements à une grâce obtenue se rapporte à une histoire personnelle que l’abbé Kokot prend soin de retranscrire pour en garder la trace et qu’il partage volontiers avec les pèlerins de passage. L’une d’elles avait fait les titres de la presse locale: « Un jeune couple désemparé était venu prier le soir pour leur fille hospitalisée avec une méningite. Son pronostic vital était incertain. Après avoir prié, je leur ai donné un peu d’huile pour qu’ils puissent faire une onction sur le front de leur enfant. Le lendemain, l’enfant avait survécu et était guéri. C’était il y a dix ans. » Une autre histoire très touchante concerne une jeune dame qui était en pleurs derrière le confessionnal: « Au moment de la bénédiction, elle sort la photo d’un enfant mort-né », se souvient le prêtre. « Elle explique qu’elle ne pourra plus avoir d’enfant et que son couple ne se porte pas bien. J’ai placé la photo sous la nappe de la statue en disant que tous allaient prier pour que la maman soit consolée et puisse vivre cette épreuve terrible. Des mois plus tard, la dame revient avec un tout autre visage. Elle était enceinte et rayonnante. Son enfant a été baptisé devant la statue. Ça n’empêche pas la souffrance et le deuil de son premier enfant, mais elle a été accompagnée et elle a vécu cette grâce. »
Ces histoires sont à l’image du sanctuaire où chacun est accueilli de manière individuelle pour l’aider à partager ce qu’il porte sur le cœur et le confier à la prière des religieuses. « Quand on écoute les parcours de vie, on est parfois dans ce que le pape François appelle les périphéries. Ces gens n’ont peut-être plus pousser la porte d’une église depuis des années, mais ils entrent dans le sanctuaire et rencontrent l’équipe, prête à les aider à trouver la paix dans des situations tragiques », témoigne l’abbé Kokot. Une démarche qui se traduit aussi dans le déroulement des pèlerinages pendant lesquels, après les cantiques, les prières et les intentions, un temps relativement long est réservé à une bénédiction individuelle et personnalisée pour chaque pèlerin.
Manu VAN LIER
Photos (DR): L’abbé Pierre Kokot lors d’une célébration et avec les trois religieuses des Amantes de la Croix.