Le mot dieu est un des plus utilisés dans l’histoire, dans le registre mythique, religieux, philosophique, scientifique, politique, avec une majuscule ou une minuscule, au pluriel, au singulier, comme le tout-autre ou le grand-tout, pour le meilleur, pour le pire et même le scandaleux. Que mettent les chrétiens sous ce mot?
Une soif d’absolu
Les chrétiens croient qu’il y a une réponse à notre soif d’absolu, notre besoin de sens, notre désir impatient d’espérance. Pour le désigner, ils utilisent le mot dieu,. disponible dans toutes les cultures, mais ils se rendent bien compte que le mot est piégé, qu’il ressemble trop à un concept sous lequel on peut mettre ce qu’on veut, surtout ce qui nous arrange! Avec tant de mystiques de toutes les religions, le chrétien reconnaît que Dieu est au-delà de ce que nous désignons par ce mot et que, au bout du compte, le silence est l’attitude la plus juste face à cet océan de sens et d’amour inépuisable. A l’origine de tout et pour toujours, il y a de l’amour et nous avons toute une vie pour découvrir ce que cela signifie. Plus important que la réflexion et nos joutes oratoires, il s’agit donc avant tout d’aimer. Et même, cela suffit. C.D.
Dieu est une sphère infinie dont le centre se trouve partout et la circonférence nulle part. Sentence du XIIe siècle
Ce que les chrétiens mettent sous le mot Dieu
- Une présence, tout d’abord, aimante, non-jugeante, fidèle. Il est là dans le secret, quand tu pries, mais aussi pour voir le meilleur de toi-même, quand tu partages avec autrui, par exemple. Il veille sur toi, il est bienveillance.
- Un amour de préférence pour les petits, les rejetés, les méprisés, n’oubliant jamais les derniers
- Un amour plus fort que cette mort qui rôde à l’horizon de nos existences et nous prive de ceux que nous aimons, et dont les guerres et les injustices sociales sont partenaires
- Une source de vie jaillissante qui nous habite comme le souffle nous fait respirer
- Il est la conscience d’amour qui est à l’origine de l’Univers.
- Un lien entre nous, qui nous unit et noue nos relations
- Un plus en chacun de nous qui confère à tous une dignité incroyable
- Une relation d’amour depuis toujours et pour toujours, en lui-même et avec ses créatures. Les chrétiens font le signe de la croix « au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » pour nommer cette relation.
Ce qu’ils n’y mettent pas
- Un vieux barbu sur son nuage, soucieux de sa gloire, indifférent au sort des humains
- Une explication de ce que la science n’explique pas encore
- La « chiquenaude initiale » (Laplace) ou le « Grand Horloger » (Voltaire)
- Le juge intraitable qui récompense et punit, un œil qui nous surveille
- Celui qui édicte des lois physiques ou morales
- Celui en qui nous projetons nos rêves cachés de toute-puissance.
Les mots qui parsèment leur réflexion sur Dieu:
- Père, parce que c’est celui que Jésus utilisait dans sa prière et qu’il nous invite à prononcer nous-mêmes. Notre société étant de moins en moins patriarcale, on pourra dire qu’il est un Père qui nous aime comme une Mère, ou même inversement: une Mère qui nous aime comme un Père
- Alliance: un Dieu qui ne prend pas notre place, qui ne nous écrase ni ne force notre liberté, qui ne décide pas à notre place, mais qui veut tisser des liens avec nous et, avec nous, faire réussir son projet d’un monde heureux
- Miséricorde, car nous avons tous nos faiblesses et nos lacunes, nos limites et nos faux pas plus ou moins volontaires; nous avons tant besoin de nous savoir aimés particulièrement dans ces moments où nous sommes déçus de nous-mêmes
- Energies divines: à tous, il nous arrive de nous sentir habités par une force plus grande que celle dont nous nous sentons capables, emportés par une dynamique d’amour, dans le lâcher-prise et l’oubli de nous-mêmes.
Charles DELHEZ sj